BFMTV
Paris Île-de-France

Yvelines: 8 prévenus, dont 4 policiers, accusés de racket au marché du Val-Fourré jugés en novembre

La balance de la Justice (illustration)

La balance de la Justice (illustration) - LOIC VENANCE / AFP

Au total, 8 prévenus âgés de 31 ans à 43 ans sont accusés d'avoir mis en place ou d'avoir contribué à un racket de grande ampleur sur l'un des marchés les plus importants de région parisienne à Mantes-la-Jolie.

Des "commerçants terrorisés" dénonçaient depuis 2013 un système "mafieux": huit hommes, dont un élu et quatre placiers, seront jugés en novembre dans une affaire de racket sur l'un des marchés les plus importants de région parisienne, celui du Val-Fourré à Mantes-La-Jolie (Yvelines).

Selon l'ordonnance de renvoi, ces prévenus âgés de 31 ans à 43 ans sont accusés d'avoir mis en place - ou d'avoir contribué à - un racket de grande ampleur. Le système reposait sur l'exigence de pourboires systématiques en échange d'un emplacement sur le vaste marché du quartier populaire du Val-Fourré, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de Paris.

Le procès se tiendra du 28 novembre au 1er décembre, au tribunal correctionnel de Versailles. Les placiers comparaîtront notamment pour extorsion, un délit passible de sept ans d'emprisonnement.

Des transferts d'argent à Dubaï, Madagascar et au Maroc

Outre des pourboires "quotidiens" permettant de "doubler la redevance", le prix même d'une place a pu monter jusqu'à 12.000 euros, selon l'ordonnance. Les enquêteurs ont mis au jour des transferts d'argent à Dubaï, Madagascar et au Maroc. Trois placiers seront ainsi jugés pour blanchiment.

Me Frédéric Landon, avocat de l'un d'eux, a fait part de "sa surprise": "mon client est renvoyé devant un tribunal alors qu'il n'a pas pu exercer pleinement ses droits". "On lui a refusé d'être confronté aux personnes qui le mettent en cause", a-t-il déploré.

Les nombreux témoignages de commerçants, faisant "allusion à une mafia, à la terreur qui règne" ont été majoritairement recueillis sous couvert de l'anonymat "par craintes de représailles", explique l'ordonnance, évoquant un système basé sur "une omerta (...) efficace". Des camions de commerçants ont été incendiés au cours de l'enquête. Trois hommes seront jugés pour ces destructions.

Un élu de la mairie de Mantes-la-Jolie parmi les prévenus

Sidi El Haimer, premier adjoint à la mairie de Mantes-La-Jolie, est accusé d'avoir "fait pression" sur une commerçante ayant témoigné "en lui envoyant les placiers pour l'amener à se rétracter", selon l'ordonnance. Il sera jugé pour "subornation de témoin" et risque jusqu'à trois ans d'emprisonnement. Son avocat, Alexandre Simonin, dénonce auprès de l'AFP "une instrumentalisation politique par les autorités de poursuites", précisant que son client "conteste au plus fort" les accusations.

Au cours de l'enquête, l'ancien maire de Mantes-La-Jolie et actuel président LR du conseil départemental Pierre Bédier avait été entendu mais pas mis en cause. Des lettres anonymes pointaient sa potentielle implication, tandis que le président de la société Mandon - qui a repris la gestion du marché en 2018 et est partie civile dans ce dossier - affirme s'être vu imposer par Pierre Bédier l'embauche des placiers.

Contacté, l'homme fort des Yvelines, figure de la droite locale, n'a pas réagi dans l'immédiat. La mairie, dont l'édile Raphaël Cognet (LR) a également été entendu, s'est constituée partie civile.

L.C avec AFP