Vaccination: les maires du 93 souhaitent plus de créneaux par téléphone, la préfecture les recadre

Faute de doses et de créneaux disponibles près de chez eux, des habitants des Hauts-de-Seine et de Paris font le déplacement jusqu'en Seine-Saint-Denis pour se faire vacciner. Des créneaux de vaccination trustés par ces habitants généralement plus connectés. Conséquence de la fracture numérique, les Séquano-Dionysiens sont-ils les grands oubliés de la campagne de vaccination contre le Covid-19?
C'est effectivement le cas pour certains maires du département qui ont décidé de prendre les choses en main pour permettre à leurs administrés de recevoir le vaccin. Moins de créneaux disponibles en ligne mais beaucoup plus par téléphone pour atteindre les populations qui n’ont pas accès à internet, comme dans ce centre de vaccination situé à La Courneuve.
"C'est des personnes parfois isolées qui ne sont pas forcément équipées. Je pense qu'il y en aurait beaucoup qui passeraient à la trappe si on ne pouvait pas les contacter" explique Safia Khelladi, animatrice en santé publique au micro de BFM Paris.
20% de patients résidents locaux
Car durant les premières semaines de vaccination, le centre a enregistré seulement 20% de patients résidents à la Courneuve. "Il y avait 40% d'extérieur dont 30% de Parisiens" indique le docteur Julien Le Breton, chargé du centre de vaccination de La Courneuve.
À Saint-Denis même constat, alors la municipalité a décidé de mettre en place un quart des rendez-vous via le site Doctolib et le reste via leur plateforme téléphonique.
"Depuis le début les créneaux mis sur Doctolib partent en moins d'une heure et on voit que ce sont des créneaux qui partent pour des personnes qui ne sont pas du territoire. C'est normal qu'elles aient accès à la vaccination mais il faut quand même que les habitants de Seine-Saint-Denis aient aussi accès à la vaccination" juge Katy Bontinck, première adjointe à la mairie de Saint-Denis.
Le préfet rétorque
Un système qui n’est pas du goût du préfet de Seine-Saint-Denis qui a envoyé un mail aux maires des 16 villes disposant d’un centre de vaccination dans le département et leur ordonne de passer par les sites internet dédiés. Une décision incomprise pour les centres.
"On est même un peu en colère parce qu'il y a les outils qui existent pour essayer de réduire les inégalités de santé" explique le docteur Hélène Colombani, présidente de la fédération nationale des centres de santé.
La préfecture se défend, elle a lancé hier un dispositif pour proposer la vaccination aux publics déconnectés les plus vulnérables, en coordination avec l'assurance-maladie. 50.000 doses de vaccins seront également réservées pour les personnes les plus éloignées des centres.