BFMTV
Paris Île-de-France

Faute de doses, ils viennent se faire vacciner en Seine-Saint-Denis: des élus appellent à un rééquilibrage

placeholder video
À Saint-Ouen ou à la Courneuve, la majorité des patients proviennent d'autres communes. Les élus du département appellent à réduire la fracture numérique et à mettre en place des navettes pour vacciner la population.

Ils vivent à Paris ou bien dans les Hauts-de-Seine. Mais, faute de doses et de créneaux disponibles près de chez eux, ils font le déplacement jusqu'en Seine-Saint-Denis pour se faire vacciner. À Saint-Ouen, plus de 50% des patients proviennent ainsi d'autres communes. À ce jour, seuls 13% des Audoniens éligibles ont reçu une première injection.

Dans un centre de vaccination de Saint-Ouen, BFM Paris a en effet pu rencontrer des patients venus du 15e, du 16e ou de communes des Hauts-de-Seine. "Je voulais prendre un rendez-vous à la Garenne-Colombes mais n'ayant plus de place possible, j'en ai pris un à Saint-Ouen", explique une patiente.

Si ces vaccinations hors de son département sont tout à fait autorisées, ils interrogent une partie des habitants. "C'est organisé par Saint-Ouen. Je ne vois pas pourquoi les gens de Saint-Ouen sont perdants dans l'histoire", s'étonne une patiente sur BFM Paris.

"Les populations fragiles en deuxième rideau"

"Déontologiquement, je ne trouve pas ça anormal, estime Karim Bouamrane, maire de la commune, sur notre plateau ce mardi. Il est de mon devoir de maire de prendre tout le monde, le virus n'a pas de frontière."

L'élu cherche néanmoins des solutions pour que la vaccination des habitants de sa commune soit facilitée. D'autres communes de Seine-Saint-Denis sont d'ailleurs dans la même situation. A La Courneuve certains jours, jusqu'à 80% des personnes vaccinées proviennent là aussi d'autres communes. Un déséquilibre qui résulte d'une fracture numérique, selon le maire Gilles Poux.

"Ceux qui ont le plus l'habitude d'utiliser ces outils se sont rués sur ces outils et ça a été essentiellement des Parisiens, relève Gilles Poux. Sauf que les populations fragiles de notre ville se sont retrouvées en deuxième rideau."

Pour pallier cette fracture, le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, appelle à ce que les habitants puissent s'appuyer sur "une plateforme téléphonique dédiée à l'organisation des rendez-vous dans les centres de vaccination" du département.

Un courrier adressé à Jean Castex

Le président du département propose également "que l'on puisse mettre en place un bus de la vaccination qui nous permette d'aller au plus près des habitants". Un avis que partage Karim Bouamrane.

Le maire de Saint-Ouen a étayé ces différents points dans un courrier adressé au cabinet du Premier ministre, Jean Castex. Dans cette lettre, l'élu propose également la création de "centres de vaccination régionaux", de façon à remplir un objectif: "que tout le monde soit vacciné".

Dans les faits, cela signifierait "donner les possibilités à des villes comme Saint-Ouen de pouvoir gérer (la vaccination) de façon régionale. Le Premier ministre, l'ARS doivent se dire: 'On liste des endroits stratégiques et on assure la vague de vaccination, qui devra monter en puissance dès mars prochain'".

L'intéressé ne nie toutefois pas que l'ensemble des dispositifs évoqués "ont un coût". Mais il appelle le gouvernement à agir, "parce que là, ça va être compliqué d'atteindre le seuil de 60% de personnes immunisées d'ici l'été si on n'arrive pas à avoir des points de focalisation".

Narjisse Hadji et Jules Chiapello avec Florian Bouhot