Logement social, espaces verts: le nouveau plan local d'urbanisme de Paris présenté ce mercredi

Une vue de Paris (photo d'illustration). - Thomas Samson - AFP
Des logements abordables et une ville adaptée au réchauffement climatique. Ce sont les grands axes du futur Plan local d'urbanisme (PLU) de Paris. Un plan "bioclimatique" que l'exécutif parisien a présenté ce mercredi avec 14 mesures symboliques.
"Avec ce PLU, nous nous dotons d'un outil de planification stratégique pour faire baisser la température et lutter contre la pollution", explique Anne Hidalgo, la maire de Paris.
Ce projet de nouveau plan devrait être adopté le 5 juin prochain au conseil de Paris car le dernier PLU date de 2006. Cette copie a mis du temps à faire consensus au sein de la majorité municipale. De longs mois de négociations entre les socialistes, les écologistes et les communistes ont été nécessaires.
Encore début mars, les écologistes avaient acté des "points de blocage", reprochant à la maire socialiste de leur imposer "au dernier moment" des décisions "inacceptables", comme "des tours de 50 mètres" et un nouveau projet "d'immeuble-pont" au-dessus du périphérique.
Le bâti réhabilité et rénové
Concernant le bâti, "la réhabilitation et la rénovation seront systématiquement privilégiées", détaille le communiqué de la ville. "90% du Paris de demain est déjà là. Il faut donc permettre à la ville de se régénérer", explique le premier adjoint Emmanuel Grégoire qui a mené les négociations.
Les constructions "100% béton" seront interdites au profit des matériaux bas carbone comme le bois, la pierre de taille, le chanvre ou encore la terre crue. Les projets de bâtiments de plus de 1000 m² devront produire de l'énergie renouvelable.
En novembre 2022, la ville de Paris se fixait un objectif de 40% de "logements publics", comprenant 30% de logement social et 10% de logement intermédiaire, à l'horizon 2035, grâce à la révision du PLU et la création d'une foncière.
"Le logement est le premier poste de dépenses de beaucoup de Parisiennes et de Parisiens, note Emmanuel Grégoire. C'est un choix politique pour protéger et défendre le pouvoir d'achat des familles de la classe moyenne aux plus modestes."
Un dispositif "inédit" est mis en place concernant la transformation des bureaux en logements dans l'ouest parisien visant les immeubles de bureaux de plus de 5000m². Lors d'une rénovation ou d'une transformation, au moins 10% de la surface du bâtiment devra être consacrée à la création de logements.
1000 nouveaux emplacements ont été "réservés pour du logement social" via le dispositif de préemption. Avec cela, s'accompagne la mise en place de zone "d'hyper déficit" en logement social dans les "quartiers du centre et de l'ouest parisien où "50% de chaque projet devra être consacré à du logement social".
Le premier adjoint d'Anne Hidalgo, Emmanuel Grégoire avait annoncé début mai que la ville de Paris allait interdire les nouveaux meublés touristiques de loueurs professionnels dans les zones d'hyperconcentration touristique qui souffrent d'un déficit de logements.
Le patrimoine parisien sera davantage préservé. Ce sera le cas de 700 nouveaux lieux dont "le patrimoine industriel, les maisons d'angles et les architectures modernes". "Une zone de protection et piétonnisation de la butte Montmartre" sera également mise en place.
Un parc de 15 hectares au nord de Paris
"La nature a aussi le droit à ses grands projets", a fait remarqué ce mercredi Emmanuel Grégoire. La ville doit être adaptée au réchauffement climatique avec une amplification des espaces verts, 10 m² par habitant, pour se conformer aux recommandations de l'OMS.
70 nouveaux hectares d'espaces verts sont envisagés dont "10 parcs seront largement agrandis ou créés". Un "grand parc métropolitain" est programmé dans le nord de Paris, de la porte de la Chapelle à la Villette. Il s'agit d'une "trame verte de plus de 25 hectares dont 15 hectares de parcs" à cheval des 18e et 19e arrondissements.
"Le Paris de 2050 doit être une ville décarbonée, plus végétalisée et plus apaisée dans le respect de son paysage architectural et paysager", assure le premier adjoint à la maire de Paris.
L'exécutif parisien veut "sanctuariser" les espaces verts existants, protéger 250 arbres remarquables et 100.000 arbres d'alignement. "Sur toutes les parcelles supérieures à 150m², jusqu'à 65% de pleine terre devront impérativement être prévues dans les projets sans possibilité de dérogation", précise le communiqué de presse.
"40% de l'espace public sera désimperméabilisé d'ici 2050", annonce également la ville de Paris.
Un PLU critiqué à droite
Sans surprise, ce futur PLU ne fait toutefois pas l'unanimité à droite. Dans une tribune, la maire du 7e arrondissement et d'autres élus affirment que la mairie de Paris est le "premier spéculateur sur l'immobilier parisien". Rachida Dati et cinq maires d'arrondissement de droite (Jean-Pierre Lecoq, Jeanne D'Hauteserre, Philippe Goujon, Francis Szpiner et Geoffroy Boulard) ont ciblé la ville de Paris comme "premier spéculateur sur l'immobilier parisien".
"Avec la révision du nouveau Plan local d’urbanisme, l’exécutif va accélérer sa politique à tout-va de préemptions abusives et risque d’entraîner le déclassement de la capitale", jugent les élus dans la tribune publiée sur Le Point.
Les élus signataires de la tribune prévoient déjà de "faire plusieurs propositions lors des débats sur la révision du PLU de Paris au mois de juin".
Après le vote en conseil de Paris, où la droite fera des amendements, le nouveau plan local d'urbanisme partira pour une année de concertation et d'enquête publique où tous les acteurs pourront faire des propositions pour améliorer ou changer les propositions. Il sera à nouveau en conseil de Paris, au second semestre 2024, probablement après les Jeux olympiques, pour son approbation définitive.