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Immobilier à Paris: Rachida Dati et des maires de droite dénoncent une "spéculation" alimentée par la mairie

La maire LR du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, s'exprime lors du conseil national des Centristes, à Paris, le 22 janvier 2022

La maire LR du 7e arrondissement de Paris, Rachida Dati, s'exprime lors du conseil national des Centristes, à Paris, le 22 janvier 2022 - Geoffroy VAN DER HASSELT / AFP

Dans une tribune, la maire du 7e arrondissement et d'autres élus affirment que la mairie de Paris est le "premier spéculateur sur l'immobilier parisien".

Rachida Dati et cinq maires d'arrondissement de droite (Jean-Pierre Lecoq, Jeanne D'Hauteserre, Philippe Goujon, Francis Szpiner et Geoffroy Boulard) dénoncent la ville de Paris, comme "premier spéculateur sur l'immobilier parisien", dans une tribune publiée sur Le Point.

Ce document intervient à quelques heures de la présentation par l'exécutif parisien du plan local d'urbanisme (PLU), qui doit présenter le futur visage de Paris.

Ce nouveau plan devrait être adopté le 5 juin au conseil de Paris, le dernier PLU datant de 2006. L'exécutif parisien est arrivé à trouver un compromis au sein de la majorité municipale après de longs mois de négociations entre les socialistes, les écologistes et les communistes.

Encore début mars, les écologistes avaient acté des "points de blocage", reprochant à la maire PS de leur imposer "au dernier moment" des décisions "inacceptables", comme "des tours de 50 mètres" et un nouveau projet "d'immeuble-pont" au-dessus du périphérique.

Un manque de mixité à Paris?

"La flambée des prix de l’immobilier exclut les Parisiens de la capitale, notamment les classes moyennes et les familles. Cette conséquence assumée par la majorité parisienne est catastrophique pour la mixité sociale et l’égalité des chances", notent les élus de droite dans leur tribune.

"Pourtant, avec la révision du nouveau Plan local d’urbanisme, l’exécutif va accélérer sa politique à tout va de préemptions abusives et risque d’entraîner le déclassement de la capitale" jugent encore les élus dans la tribune publiée sur Le Point.

"La politique de la mairie de Paris, très sociale en apparence, détruit en fait toute mixité pour des immeubles et des quartiers entiers: recul de 4,5 points de la mixité sociale à Paris entre 2004 et 2019", fait remarquer la droite parisienne en citant une étude l'Atelier parisien d'urbanisme (APUR) de février 2023 portant sur la "Mixité sociale et ségrégation dans la métropole du Grand Paris". Cette part reste toutefois "la plus importante de tous les territoires" de la métropole du Grand Paris.

L'étude note que c'est "à Paris que la part des habitants vivant dans les quartiers les plus mixtes est la plus importante en comparaison des onze établissements publics territoriaux: près de la moitié (48 %) des Parisiens résident dans un quartier considéré comme mixte. Cette mixité est principalement portée par les arrondissements de l’est-parisien (les 10e, 11e, 12e, 13e, 18e, 19e et 20e arrondissements)".

"S’il y a un spéculateur, c’est d’abord Hidalgo"

L'étude observe également que le 7e arrondissement, celui de Rachida Dati, comme "plusieurs quartiers accueillent une forte proportion de ménages à hauts revenus. Ils se situent principalement à Paris (6e, 7e et 16e arrondissements, nord du 8e, sud-ouest du 17e)", précise l'étude de l'APUR. Il s'agit du "plus fort niveau de ségrégation" qui "reflète une concentration spatiale des catégories sociales les plus privilégiées".

"Depuis le début de la première mandature d’Anne Hidalgo, en 2014, les prix de l’immobilier à Paris ont massivement augmenté: +3000 euros par mètre carré en 7 ans, soit une hausse de 30 %! Résultat: 12.400 habitants quittent la capitale chaque année, de manière constante depuis 2014", signalent dans la tribune ces maires d'arrondissement de droite.

Et que "la ville fait évidemment peser la responsabilité de cette fuite sur la seule loi du marché immobilier, ce qui évite toute remise en question car s’il y a un spéculateur dans l’affaire, c’est d’abord Anne Hidalgo".

Une politique contre les classes moyennes?

"Cette augmentation massive de l’offre de logements subventionnés en faveur des catégories les plus défavorisées se fait en réalité au détriment des classes moyennes: depuis 2014, 2/3 des logements sociaux réalisés ne sont que la transformation de logements libres en logements sociaux, rarement justifiés par la réalisation de travaux lourds", déplorent encore les élus.

"Les immeubles repris à la hâte par des bailleurs sociaux sont brutalement vidés de leurs habitants, priés d’aller se reloger ailleurs", indiquent-ils.

En novembre 2022, la ville de Paris se fixait un objectif de 40% de "logements public", comprenant 30% de logement social et 10% de logement intermédiaire, à l'horizon 2035, grâce à la révision du PLU et la création d'une foncière.

L'objectif de 25% de logements sociaux dans la capitale, fixé par l'ancien maire socialiste Bertrand Delanoë au début des années 2000, est "dès aujourd'hui quasi atteint", s'était félicité l'adjoint PCF au logement Ian Brossat.

Une "épée de Damoclès"

Mais pour la droite parisienne, "construire une réelle politique publique du logement, c’est d’abord encadrer le droit de préemption et recréer un lien de confiance avec les investisseurs et les propriétaires privés sur qui la ville va pourtant faire peser une épée de Damoclès en intégrant dans la révision du PLU deux nouveaux outils contre-productifs", dénoncent les élus dont Rachida Dati.

Désormais les élus de droit signataires de la tribune dans Le Point prévoient déjà de "faire plusieurs propositions lors des débats sur la révision du PLU de Paris au mois de juin".

Nicolas Dumas