Un concert de groupes néonazis organisé dans une salle Simone-Veil à l'issue de la manifestation d'ultradroite à Paris

Plusieurs centaines de militants d'ultradroite ont manifesté samedi à Paris. Après avoir défilé, les militants se sont rassemblés pour un concert de groupes néonazis à Saint-Cyr-l'École. La maire de la commune va saisir la procureure de la République.

Les images de la manifestation d'ultradroite, organisée ce samedi en plein coeur de Paris, ont vivement choqué. Plusieurs centaines de personnes ont défilé à l'occasion du 29e anniversaire de la mort, en 1994, du militant d'extrême droite Sébastien Deyzieu. Cette manifestation a suscité de vives critiques, notamment à gauche, obligeant la préfecture de police à se justifier, arguant qu'il n'y avait pas de motif pour l'interdire.

Les militants d'ultradroite ne se sont pas contentés de défiler dans les rues de la capitale: le rassemblement s'est ensuite prolongé à quelques kilomètres de là, à Saint-Cyr-l'École, dans les Yvelines.

Une soirée musicale, avec des concerts de rock de groupe néonazis, a été organisée au sein de la maison des associations Simone-Veil, inaugurée en janvier 2022 et baptisée en hommage à l'ex-ministre, et rescapée des camps de la mort nazis. L'information, révélée par Mediapart, a été confirmée à BFM Paris Île-de-France par Sonia Brau, maire UDI de Saint-Cyr-l'École.

La procureure de la République de Versailles saisie

Selon l'édile, la salle avait été louée par "un particulier" pour un "anniversaire", pour ne pas éveiller les soupçons de la commune. "J’ai appris cela le 8 mai alors que je donnais un discours sur la déportation", a confié la maire à BFM Paris Île-de-France, se disant "au-delà de la colère".

Sonia Brau annonce qu'elle va saisir la procureure de la République de Versailles. "Je veux présenter mes excuses à toutes les familles de Saint-Cyr-l'École qui ont été meurtries par cette politique nazie", a déclaré la maire, qui va renforcer la politique de location de la salle, et dénonce le cynisme des organisateurs, qui ont choisi une salle portant le nom de Simone Veil.

D'après nos confrères de Mediapart, le flyer de l'événement, intitulé "Honneur et fidélité", en référence à la devise de la SS ("Mon honneur s'appelle fidélité"), révèle la participation de plusieurs groupuscules, dont le "Comité du 9-Mai", à l'origine de la manifestation de l'après-midi. Le GUD (Groupe Union Défense), organisation d'ultradroite fondée par des étudiants en droit à Assas en 1968, et redevenue active depuis le début des années 2010, était également présent.

Des groupes néonazis

Les Niçois de Fraction, groupe de punk hardcore revendiqué comme faisant partie de la scène de rock identitaire français, étaient la tête d'affiche du concert, selon nos confrères de Mediapart. Le leader du groupe, Fabrice Robert, est un ex-conseiller municipal du Front national de La Courneuve, commune de Seine-Saint-Denis, avant d'avoir été membre du Mouvement national républicain, formé par Bruno Mégret. Toujours selon le média d'investigation, il a également fondé le Bloc identitaire en 2003.

Les membres de ce groupe avaient déjà été mis en examen en 1998 pour "complicité de provocations non suivies d’effets à des atteintes volontaires à la vie et à l’intégrité de la personne" pour l'une de leurs chansons.

Le groupe italien Katastrof, qui se revendique du mouvement du "rock aryen", s'est également produit lors de cette soirée, rapporte Mediapart. Leur logo est composé d'un insigne d'une division de la SS, affectée à la surveillance des camps de concentration et d'extermination nazis.

D'après une photo postée sur les réseaux sociaux, la scène était agrémentée d'une banderole du GUD, ainsi que d'un drapeau du bataillon d'extrême droite ukrainien Azov et d'un mouvement bulgare néonazi. Sur le cliché, le chanteur du groupe les Niçois de Fraction, Pascal de los Rios, fait un salut à trois doigts, alternative au salut nazi.

Nicolas Dumas avec Fanny Rocher