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Temps d'attente, bus supprimés: les galères se multiplient dans les bus à Paris, les usagers à bout

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Les syndicats dénoncent de leur côté la mise en concurrence du réseau de bus prévue pour 2025, et qui dégraderait, selon eux, d'autant plus les conditions sur le réseau.

Les Franciliens boudent le réseau de bus. Entre temps d'attente interminable et bus parfois supprimés, les usagers du réseau RATP pointent du doigt de nombreux dysfonctionnements et préfèrent se reporter sur d'autres moyens de transports.

"De Saint-Lazare à Jaurès, ça peut me prendre 50 minutes", déplore un usager au micro de BFM Paris-Île-de-France. "Par contre si je prends le métro, en 20-25 minutes je serais à la maison."

"Je n'ai pas envie d'attendre 30 minutes pour un bus"

Malgré ses propres dysfonctionnements récurrents, le métro devient alors le moyen de transport privilégié des usagers qui utilisaient jusque-là le bus. "Quand on a un rendez-vous précis, en général, c'est le métro", explique une Francilienne.

"Je pense que c'est un peu abusé le temps d'attente pour le bus, et ça me fait prendre le métro, personnellement", confirme une autre usagère. "Parce que je n'ai pas envie d'attendre 30 minutes pour un bus."

Si la RATP connaît actuellement des difficultés sur plus de 150 lignes de bus, c'est en partie à cause de la pénurie de conducteurs. À ce jour, il manque encore 1.500 chauffeurs sur le réseau. En conséquence, les conditions de travail se dégradent pour les chauffeurs restants.

"Depuis le 1er août, on a augmenté le temps de travail d'une heure de l'ensemble des 16.000 conducteurs", explique Cemil Kaygisiz, secrétaire général de la CGT RATP Bus. "Ce qui a créé une fuite des conducteurs, puisque le métier devient de plus en plus pénible."

Le syndicat demande une augmentation des salaires pour les chauffeurs et un retour à une pénibilité "moindre" des conditions de travail.

Anne Hidalgo écrit à la Première ministre

Mais la RATP pointe avant tout du doigt l'ouverture à la concurrence sur le réseau de bus comme source des dysfonctionnements actuels. À partir du 1er janvier 2025, le réseau de bus de Paris et sa petite couronne sera découpé en douze lots, répartis entre plusieurs opérateurs.

Les syndicats s'attendent à ce que cette mise en concurrence dégrade encore plus le service sur le réseau. "Là, on peut le constater, c'est plus de 16 minutes d'attente aux heures de pointe, donc c'est totalement inacceptable. Et ça, c'est évidemment dû à l'ouverture à la concurrence, la privatisation de la RATP, qui a déjà commencé."

Le représentant syndical prône un retour au "monopole historique de la RATP" pour retrouver en partie un fonctionnement correct du réseau. "Dans tous les secteurs où on a voulu ouvrir à la concurrence, on a vu ce que ça a donné", rappelle Cemil Kaygisiz. "Donc ça ne marche pas."

De son côté, Anne Hidalgo, qui ne s'était jusque-là pas exprimée sur la question des transports franciliens, a adressé une lettre à la Première ministre, Elisabeth Borne, pour lui demander de réexaminer, ou tout au moins repousser l'ouverture à la concurrence.

La maire de Paris explique dans son courrier que les opérations de mise en concurrence s'accompagnent régulièrement de mouvements sociaux et de grèves perturbant d'autant plus les réseaux. Elle demande donc un report "bien au-delà du 1er janvier 2025", notamment pour permettre aux Jeux olympiques et paralympiques de 2024 de se dérouler "dans les meilleures conditions".

Lena Mahmoud, Bettina de Guglielmo avec Laurène Rocheteau