Système "délirant": après les propos d'Attal, le Conseil de Paris autorise Hidalgo à porter plainte

La maire de Paris Anne Hidalgo en mai 2022. - AFP
La maire de Paris pourra bien porter plainte au nom de la ville. Le Conseil de Paris a adopté ce jeudi une délibération permettant à Anne Hidalgo de déposer plainte pour diffamation au nom de la ville après les propos tenus par Gabriel Attal.
Le ministre chargé des Comptes publics avait pointé du doigt un système relevant "de Ponzi" à la mairie de Paris concernant les loyers capitalisés.
Objet de critiques répétées de l'opposition de droite et du centre, l'opération des loyers capitalisés consiste, pour la Ville, à demander à ses bailleurs sociaux la totalité des loyers dus sur plusieurs dizaines d'années et à inscrire le produit collecté en recettes de fonctionnement et non d'investissements pour équilibrer son budget. Il s'agit d'un dispositif dérogatoire mais légal.
Une "insulte aux élus et aux Parisiens"
Le 23 novembre, Gabriel Attal avait qualifié sur France Inter ce système de "délirant", autorisant la Ville de Paris à s'endetter "sur des années".
"Un ministre des Comptes publics a un grand pouvoir. Lorsque M. Attal a accusé la ville de malversations financières, il a non seulement fait preuve de malveillance mais aussi d'inconséquence", a jugé l'élu écologiste Emile Meunier, estimant qu'il s'agissait d'une "opération de déstabilisation politique".
"Ce que dit le ministre engage la responsabilité, y compris sur le plan pénal, de centaines de personnes qui sont soit des élus, soit des fonctionnaires de la Ville de Paris, ou de l'Etat", a renchéri le premier adjoint Emmanuel Grégoire, jugeant "logique" que la Ville de Paris, "comme personne morale, puisse faire valoir son droit au respect".
Boris Jamet-Fournier, conseiller du groupe Paris en Commun, a lui aussi pointé du doigt une "insulte aux élus et aux Parisiennes et Parisiens" de la part du ministre des Compte publics.
"Madame Hidalgo, ce n'est pas la ville de Paris"
Un avis qui n'est pas partagé par l'opposition, qui estime que si Anne Hidalgo doit porter plainte, elle doit le faire en son nom, et non celui de la ville.
"Si quelqu'un est mis en cause c'est Mme Hidalgo et sa majorité par les choix budgétaires, donc ce n'est pas la ville de Paris", a déclaré Francis Szpiner, maire du 16e arrondissement. "Si vous voulez un débat avec M. Attal, faite le sans être masqué. Mme Hidalgo, ce n'est pas la ville de Paris. Elle est certes élue par les Parisiens."
Le groupe Modem, Démocrates et Ecologistes réfute quant à lui l'aspect diffamatoire des propos de Gabriel Attal. "Le ministre n'a accusé personne de fraude. Gabriel Attal explique que le procédé était légal", a déclaré Maud Gatel, présidente du groupe. "A-t-on le droit, madame la maire, de critiquer votre politique budgétaire."
La présidente du groupe Modem a également estimé que si Anne Hidalgo devait porter plainte, elle devait le faire en son nom. "Ne le faites pas au nom des Parisiens, et ne demandez pas aux Parisiens de payer, alors que cette démarche a très peu de chances d'aboutir."