Six enseignants d'une école de Saint-Denis contestent leur mutation "absurde" devant la justice

Six enseignants d'une école élémentaire de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ont été mutés par le rectorat de Créteil après des dysfonctionnements. (Photo d'illustration) - (Photo d'illustration) - Pascal Pavani- AFP
Six enseignants d'une école élémentaire de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mutés par le rectorat de Créteil qui invoque "l'intérêt du service" après des dysfonctionnements, ont dénoncé ce lundi au tribunal administratif de Montreuil des sanctions "politique et idéologique".
Ces six professeurs, cinq femmes et un homme, qui enseignaient à l'école Louis-Pasteur ont déposé, aux côtés des syndicats Sud Education 93 et SNUipp-FSU 93, un recours pour contester leur mutation, entrée en vigueur ce lundi.
"On veut les garder pour le bien des enfants et du quartier"
Ils étaient soutenus par une cinquantaine de parents d'élèves. "C'est des enseignants qui font appel à l'intelligence de nos enfants (...) on veut les garder pour le bien des enfants et du quartier", a déclaré l'un d'eux, Mounir Othman.
Des professeurs remplaçants ont été affectés dans les classes concernées. Cette décision résulte d'une enquête administrative conduite à l'automne 2021 sur le fonctionnement de cet établissement classé REP+, accueillant environ 300 élèves.
"Les conclusions formulent six mesures de mutation dans l'intérêt du service et une mesure de retrait de fonction", envers les enseignants et la directrice, selon le cabinet de la DSDEN 93.
Une "attitude manipulatrice"
L'arrivée d'une éphémère directrice en septembre dernier avait considérablement dégradé les rapports avec l'équipe, selon le récit des enseignants. Puis un article sur le "gauchisme à l'école", paru en janvier dans le magazine conservateur l'Incorrect, avait mis le feu aux poudres. La directrice, qui y témoignait anonymement, avait ensuite quitté l'établissement.
L'Education nationale reproche notamment aux enseignants une "posture d'opposition systématique", des tentatives d'imposer "un cadre d'autogestion" ou encore "une attitude manipulatrice".
Il s'agit d'"allégations" sans fondement ni preuve, selon les professeurs. "On est dans l'incompréhension totale", souffle l'une d'elles.
"Ils se sont dit, 'allez on en prend six, on les vire ça va calmer tout le monde'", a tancé leur avocat Me Arié Alimi, dénonçant une décision "absurde" pour les "mettre au pas".
Éviter aux enfants des conflits "incessants" entre adultes
"On ne sait pas jusqu'où l'onde de choc va aller" puisqu'il faut remplacer les professeurs remplaçants à deux mois de la fin de l'année scolaire, a glissé Me Benoît Arvis, conseil de parents d'élèves élus.
Sans donner de détails, la représentante du ministère de l'Éducation nationale, Eva Hong-Bauvert, a souligné qu'il ne s'agissait pas de "sanctions" mais d'une solution pour éviter aux enfants des conflits "incessants" entre adultes.
"Nos charmants enseignants n'ont pas hésité à se mettre en grève le 8 avril (à l'annonce de la décision, NDLR)", a-t-elle, critique quant à leur conception de "continuité du service". La décision a été mise en délibéré.