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Paris Île-de-France

Seine-Saint-Denis: sept personnes jugées pour la mort de deux ouvriers sans-papiers sur un chantier

La balance de la Justice.

La balance de la Justice. - Damien Meyer-AFP

En 2019, la nacelle des deux ouvriers s'était détachée alors qu'ils travaillaient sur un chantier. Aucun des deux n'était formé pour participer à des travaux en hauteur.

Le procès de sept hommes poursuivis après la mort de deux ouvriers sans papiers sur un chantier à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) en 2019 s'est ouvert lundi devant le tribunal correctionnel de Bobigny.

Le 8 juin 2019, les deux victimes, Kamel Benstaali, 34 ans, et Omar Azzouz, 29 ans, participaient à la réhabilitation de la cité La Source, un chantier de 478 logements dont le bailleur est Plaine Commune Habitat.

Jugés pour homicide involontaire

Ce jour-là, un samedi, ils travaillaient à la rénovation thermique par l'extérieur du 18e étage d'un bâtiment lorsque la nacelle sur laquelle ils travaillaient s'est détachée. Aucun des deux n'était formé pour participer à des travaux en hauteur.

Un rapport d'expertise versé au dossier a identifié "un défaut d'ancrage" de la plateforme.

Sept hommes âgés de 37 à 61 ans sont jugés devant le tribunal notamment pour homicide involontaire, mise à disposition de travailleur d'équipement de travail sans vérification de sa conformité et travail dissimulé. Ils encourent jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 75.000 euros d'amende.

Trois entreprises du BTP sont également sur le banc des prévenus en tant que personnes morales.

"Un procès classique du BTP"

Les deux victimes vivaient en France depuis trois ans. Kamel Benstaali, d'origine algérienne, était sans domicile fixe et vivait de "petits boulots", a détaillé lundi la présidente du tribunal Elisabeth Dugre. Il avait été embauché sur le chantier une semaine avant son décès.

Auparavant, "il travaillait sur les marchés" et n'avait "pas de qualification" dans le BTP, a assuré son cousin.

Omar Azzouz, de nationalité marocaine, a été un temps "plaquiste" à Grenoble mais n'était pas vraiment qualifié, a souligné la présidente.

Sous les décombres, les secours vont découvrir que l'un portait "un jean", et l'autre "des tennis", a détaillé la magistrate.

"C'est un procès classique du BTP", a estimé avant l'audience maître Jean-Philippe Feldman, avocat des deux familles des victimes. "L'enjeu est de déterminer les responsabilités. Comment deux personnes non qualifiées se sont retrouvées sur ce gros chantier ?", a-t-il déclaré à l'AFP.

L.R. avec AFP