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Saint-Ouen: qualifiée de "pin-up", la conseillère municipale Dina Deffairi-Saissac porte plainte contre André Santini

André Santini (photo d'illustration)

André Santini (photo d'illustration) - Miguel Medina - AFP

Les faits remontent au dernier comité du Sedif, le Syndicat des eaux d'Île-de-France, qui s'est déroulé le jeudi 21 décembre dernier. Dina Deffairi-Saissac a porté plainte contre André Santini.

"Une attitude inacceptable et discriminante." Dina Deffairi-Saissac, conseillère municipale de la ville de Saint-Ouen, a annoncé ce mercredi 27 décembre avoir déposé plainte contre André Santini, maire d'Issy-les-Moulineaux et président du Sedif, Syndicat des eaux d'Île-de-France, pour "outrage sexiste par une personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction".

"Vous continuez à venir, je ne comprends pas très bien"

Les faits remontent au dernier comité Sedif qui s'est déroulé le jeudi 21 décembre dernier. Après que le directeur des finances du Sedif se soit exprimé sur le budget, Dina Deffairi-Saissac a pris la parole. Elle fait part de ses inquiétudes concernant "le montant de la rémunération du délégataire, la coquette somme de 16,7 millions d'euros", mais aussi sur le fait qu'elle ne comprend pas ce que sont les "filières hautes performances".

"Est-ce que dedans, il y a le coût de l'OIBP (osmose inverse basse pression, NDLR) et par principe, nous nous voterons contre ce budget", déclare-t-elle.

Quelques minutes plus tard, le président du Sedif appelle l'assemblée au vote du budget, trois personnes votent contre, dont Dina Deffairi-Saissac. Le président du Sedif la prend une première fois à partie.

"Vous continuez à venir, je ne comprends pas très bien", déclare-t-il. La conseillère municipale affirme alors: "Je vais continuer à venir", ce à quoi il lui répond: "Jusqu'à quand madame? C'est pour nous, parce que ça fait un peu ptérodactyle".

"Alors les pin-up là?"

Rebelotte quelques minutes plus tard, lors du vote sur l'ouverture des autorisations de programme et crédit de paiement. Alors qu'il demande qui est pour, s'abstient et est contre, il s'adresse une nouvelle fois à Dina Deffairi-Saissac et sa voisine. "Alors les pin-up là?", déclare-t-il.

Un échange tendu s'ouvre entre les deux protagonistes. La conseillère municipale de Saint-Ouen lui rétorque: "Nous ne sommes pas des pin-up monsieur, un peu de respect monsieur le président". "Oh la la madame, comment voulez vous que je vous méprise, moi, je me pose la question de l'intérêt de votre présence", ne lâche par le président.

Dina Deffairi-Saissac, lui rappelle qu'elle représente sa commune qu'elle n'est pas une pin-up, André Santini lui dit alors "c'est dommage pour vous madame". Elle lui demande alors de la respecter.

"Oui madame, vous avez raison, vous n'êtes pas une pin-up ça figurera au procès-verbal et ça participera à accroître votre gloire", conclut-il.

Des "excuses ou la démission"

Sur ses réseaux sociaux, la conseillère municipale de Saint-Ouen répond une nouvelle fois à ses propos.

"Non Monsieur Santini nous ne sommes pas des pins-up, nous sommes des femmes politiques qui siégeons pour représenter nos villes et les habitant.e.s pas pour amuser la galerie ni faire décoration", déclare-t-elle.

Elle ajoute: "Et que la loi s'applique même ceux qui sont élus depuis plusieurs décennies". Dina Deffairi-Saissac indique que les propos tenus "sont inacceptables". Elle réclame des "excuses ou la démission".

Dans un communiqué, Les Écologistes apportent leur soutien aux deux élues et dénoncent des propos "sexistes et méprisants (qui) n'ont d'autres buts que de rabaisser une femme élue. Ces mots, ce ton et cette posture ne sont que l'expression d'une violence inacceptable et vont à l'encontre des valeurs de respect, d'égalité et de dignité eu égard aux principes républicains".

Deux plaintes pour "agression sexuelle" et "harcèlement sexuel et moral"

En novembre 2022, deux ex-collaborateurs du maire d'Issy-les-Moulineaux André Santini ont déposé plainte pour "agression sexuelle", "harcèlement sexuel" et "harcèlement moral". Les deux plaignants ont également déposé une seconde plainte pour "prise illégale d'intérêts".

"Je nie naturellement avoir eu le moindre comportement tel que décrit dans les plaintes. En quarante années de bons et loyaux services, on ne m'a d'ailleurs jamais imputé ou accusé d'un tel comportement", avait lui-même répondu André Santini au Monde.

Solenne Bertrand