Rambouillet: la mairie arrête la promotion d'une exposition controversée, l'artiste dénonce une "stupidité"

Une photographie de Joël-Peter Witikin. (illustration). - AFP
Une exposition qui crée des tensions. Exposé depuis le 29 octobre dernier au palais du Roi de Rome à Rambouillet (Yvelines), l'artiste américain Joël-Peter Witkin a soudainement vu toute la publicité autour de son exposition Joël-Peter Witkin, Thar Art and the Manner disparaître.
Un caractère "blasphématoire"
En cause, la réception par la mairie de plusieurs mails des habitants dénonçant le caractère "blasphématoire", des quarante photographies de l'artiste né en 1939 à New-York. Dans celles-ci, Joël-Peter Witkin aborde notamment les thématiques de la mort, de la satire et la difformité.
Un des habitants ayant adressé un courrier à la mairie, explique dans Le Parisien que les œuvres de l'artiste new-yorkais peuvent choquer "la sensibilité des jeunes, des adultes et aussi des croyants". Il dénonce également la décision de la mairie d'avoir accepté d'exposer ces photographies.
"Dans ce temps de l’Avent et à la veille de Noël, en acceptant ce type d’exposition, vous alimentez, peut-être sans le savoir, cette perversité", écrit un habitant de Rambouillet.
Le second mail, consulté par Le Parisien, émane des associations familiales catholiques (AFC) de Rambouillet. Elles dénoncent une "exposition choquante et dépravée, dans une ville caractérisée par son sens du respect, de l’éducation et du civisme et où la foi catholique rayonne".
"De la censure"
Face à ces critiques, la mairie a donc décidé de suspendre toute publicité et communication autour de l'exposition qui se termine le 31 décembre prochain.
"C'est de la censure! En 35 ans et des centaines d’expositions à travers le monde, je n’ai jamais dû faire face à cela", s'est insurgé Baudoin Lebon, co-partenaire de l'exposition à nos confrères d'Actu. Il précise qu'au départ, l'exposition "avait été acceptée par la ville de Rambouillet".
John-Peter Witkin de son côté, a réagi pour la première fois à ces accusations dans les colonnes de Télérama ce mercredi. "Jamais aucune de mes expositions n’a provoqué de protestation ni entraîné une quelconque forme de censure, pas même en Chine", a-t-il déclaré auprès de nos confrères.
La mairie parle d'un "non-événement"
L'artiste rappelle qu'il a lui-même été "élevé dans la foi catholique, dans des écoles catholiques où j’ai reçu un enseignement religieux dispensé par des sœurs.
"La foi catholique guide mes pensées et mon art. Elle est le pilier de mon existence et, sans elle, je serais totalement perdu", assure-t-il, dénonçant tout de même la "stupidité ou l’intolérance" des personnes qui ont écrit à la mairie.
Cette polémique a été balayée d'un revers de la main par Véronique Matillon, la maire de Rambouillet qui a refusé de parler de "censure". "C’est une exposition controversée. Nous avons eu des réactions et donc nous avons apporté des réponses ajustées et adaptées. C’est un non-événement, je ne veux pas épiloguer dessus", a-t-elle expliqué au Parisien.