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Paris Île-de-France

Proviseur du lycée Maurice Ravel menacé de mort: le procès du prévenu renvoyé au 26 juin

Des élèves se rassemblent devant le lycée Maurice-Ravel à Paris le 29 mars 2024

Des élèves se rassemblent devant le lycée Maurice-Ravel à Paris le 29 mars 2024 - Bertrand GUAY / AFP

Le jeune homme est poursuivi pour avoir écrit sur son compte X, "c'est une dinguerie. Faut le brûler vif, ce chien". De son côté, le proviseur, qui a pris un départ à la retraite anticipé, n'était pas présent à l'audience.

Le procès d'un homme de 26 ans, qui avait menacé de mort sur internet le proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, après une altercation avec une élève pour qu'elle enlève son voile, a été renvoyé mardi au 26 juin, devant une chambre spécialisée du tribunal correctionnel de Paris.

Cette affaire, qui avait débouché sur le départ à la retraite anticipée du fonctionnaire, avait suscité une vague d'indignation en France. Le jeune homme est poursuivi pour avoir écrit sur son compte X, à propos du proviseur: "C'est une dinguerie. Faut le brûler vif, ce chien".

Il dit "regretter" ses propos et a présenté ses excuses

Des propos qu'il a dit "regretter" et pour lesquels il a "présenté ses excuses" à la victime, lundi devant le tribunal correctionnel.

Le procès, prévu en comparution immédiate, a été renvoyé à la 17e chambre du tribunal de Paris, spécialisée notamment dans les délits relatifs à la liberté d'expression.

Le prévenu doit être jugé pour "provocation publique non suivie d'effet à commettre une atteinte volontaire à la vie". Placé sous contrôle judiciaire, il encourt cinq ans d'emprisonnement et 45.000 euros d'amende.

Inconnu de la justice, le jeune homme, qui s'exprime dans une langue soutenue, est titulaire d'un master et cherche un emploi comme "project manager" dans le "web digital". "Il y a un fort décalage entre sa personnalité et la violence des propos" incriminés, a observé son avocat, Me Thibault Kempf.

Le prévenu avait proféré ses menaces après que sa soeur lui eut rapporté ce qui s'était passé dans l'établissement scolaire. Mais la version de la lycéenne, pas directement témoin des faits, était mensongère, selon l'avocat du proviseur, Me Francis Lec.

Le fonctionnaire, qui depuis l'altercation a quitté ses fonctions, n'était pas présent au tribunal, "pour des raisons de sécurité", selon Me Lec.

"Il a été pris dans un engrenage infernal à partir d'un mensonge de la part d'une élève", engrenage qui présente des similitudes avec celui ayant mené à l'assassinat du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, en octobre 2020 dans le Val-d'Oise, selon lui.

Un rapport sénatorial pointe la "terrible solitude des enseignants"

Le 28 février, le proviseur avait eu une altercation avec une élève majeure, à qui il avait demandé de retirer son voile dans l'enceinte de l'établissement. Il avait ensuite subi des menaces de mort sur internet.

Mi-mars, un homme soupçonné d'avoir proféré de telles menaces avait été interpellé à Trouville (Calvados) et jugé en comparution immédiate à Lisieux. Il a été relaxé, mais le parquet a fait appel.

À Paris, l'élève impliquée dans l'altercation a déposé plainte contre le proviseur pour "violences", mais sa plainte a été classée sans suite pour "infraction insuffisamment caractérisée".

Le proviseur, qui après ces incidents a anticipé de quelques mois son départ en retraite, a porté plainte pour "acte d'intimidation envers une personne participant à l'exécution d'une mission de service public pour obtenir une dérogation aux règles régissant ce service".

Le 6 mars, un rapport sénatorial pointait la "terrible solitude des enseignants face aux menaces et agressions", exhortant l'Etat à enclencher une "démarche proactive" et l'Education nationale à "reprendre la main" pour défendre la laïcité à l'école.

M.Re avec AFP