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"Pas de solution pour nous": une famille se retrouve à la rue avec un nouveau-né de dix jours à Paris

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La famille se voit contrainte de quitter Paris pour un hébergement temporaire en Pays de la Loire, sans garantie d'obtenir par la suite un logement pérenne.

Une situation qui dure depuis le printemps. À Paris, un couple se retrouve depuis des mois à la rue avec leur enfant de quatre ans. Le 20 octobre dernier, le couple a accueilli son deuxième enfant, mais à la sortie de la maternité, la famille a été remise à la rue.

"Ça fait longtemps que nous sollicitons de l'aide, toujours, mais pas de solution pour nous, je ne sais pas pourquoi", déplore la mère de famille au micro de BFMTV.

La famille obligée de quitter la région

Le Samu social, joignable au 115 et qui prend en charge les personnes à la rue, est débordé. Depuis deux ans, le nombre de places en hébergement d'urgence a diminué.

"On est aujourd'hui à plus de 1.000 personnes tous les soirs, à qui on ne peut pas proposer une solution d'hébergement", explique Vanessa Benoît, directrice générale du Samu social 75. "Et sur ces 1.000 personnes, il y en a à peu près 700 ou 750 qui sont des personnes en famille."

Le Samu doit alors prioriser certaines personnes ayant besoin d'hébergement, mais même certaines personnes considérées comme prioritaires ne peuvent pas accéder à un logement pour la nuit.

L'avocat de la famille à la rue a déposé un référé pour que le couple et ses enfants soient pris en charge. Un logement leur a été octroyé, mais seulement pour trois jours. Dès ce mardi 31 octobre, le couple devra alors quitter Paris pour espérer obtenir un hébergement dans une autre région.

"L'État a immédiatement donné un hébergement, qu’il s’est abstenu de donner auparavant -sans ma requête, on n’aurait pas eu cet hébergement-là- et les a pris en charge jusqu’au 31 octobre, pour ensuite au 31 octobre les orienter vers un sas (d’hébergement temporaire, NDLR) en Pays de la Loire, à côté d’Angers", explique Sami Djemaoun, avocat de la famille.

"Nous sommes quand même des humains"

Mais même si elle quitte la région parisienne, la famille n'a aucune garantie de pouvoir accéder à un logement sur le long terme.

"Ils leur disent: 'allez dans les Pays de la Loire, pendant trois semaines, on va regarder' et voilà. Donc on n’a absolument aucune garantie que l’hébergement là-bas soit pérenne, adapté, et assorti d’un accompagnement social comme l’exige le Conseil d’État", poursuit l'avocat.

D'autant plus que la mère de famille se voit difficilement effectuer un trajet de trois heures de bus avec son nouveau-né, seulement dix jours après l'accouchement. "Si au moins c’était dans un mois, si j’avais récupéré, si l’enfant aussi était solide… On va quelque part, on ne sait même pas ce qu’il va se passer là-bas. Je ne suis pas en condition pour faire cette distance-là", déplore-t-elle.

Son autre fils, âgé de quatre ans, est quant à lui scolarisé à Paris depuis deux ans et va devoir quitter un environnement qui lui est familier.

"Je me sens très mal de voir que mon fils qui a déjà ses repères dans son école, qui sait parler déjà, il a commencé à se faire des amitiés. On va tout lui changer au milieu de la rentrée. Nous sommes quand même des humains", conclut la mère de famille.

Un référé-liberté a été déposé pour retarder le départ de la famille. La justice doit rendre sa décision dans la journée de ce lundi.

Corentin Guist'Hau, Bettina de Guglielmo avec Laurène Rocheteau