Paris: un gynécologue réputé de l'hôpital Tenon accusé de violences sur des patientes

Pour l'heure, "25 témoignages accablants" de victimes et d'étudiants en médecine ont été recueillis. Le collectif "Stop aux violences obstétricales et gynécologiques" diffuse depuis plusieurs jours des récits, décrivant les pratiques "violentes" ou "brutales" du Professeur Émile Daraï, gynécologue à l'hôpital Tenon, établissement situé dans le 20e arrondissement de Paris. Un médecin pourtant réputé comme le "spécialiste de l'endométriose", rapportait franceinfo, qui publiait jeudi une enquête à ce sujet.
Ces récits font état de "viols gynécologiques, de paroles méprisantes, d'actes non-consentis, d'actes douloureux", énumère sur BFM Paris Sonia Bisch, fondatrice du collectif. Elle résume: "Des choses ont qui détruit leur vie".
"À raison de dix consultations par jour..."
"Il violentait des patientes vulnérables, atteintes d'endométriose, qui ont des douleurs infinies, qui attendent comme le messie leur rendez-vous, qui arrive huit mois après, rembobine la fondatrice de 'Stop aux violences obstétricales et gynécologiques'. Des personnes qui mettaient énormément d'espoir dans ce Monsieur pour qu'au final elles soient violentées."
Une victime relate même des faits datant de 1996. "Ce Monsieur n'en est pas à ses débuts de violences. Ça fait des années qu'il sévit", déplore Sonia Bisch.
"À raison de dix consultations par jour, sur combien d'années d'exercice?, s'interroge-t-elle. C'est un Monsieur qui a un certain âge. Vous imaginez le nombre de personnes qui ont potentiellement subi des viols gynécologiques, du mépris, qui sont sorties en pleurant de son cabinet."
Le nombre de témoignages est voué à grimper dans les prochains jours selon elle. "Depuis que les médias en parlent, nos messageries explosent de messages de patientes", révèle Sonia Bisch.
Des étudiantes sommées de garder le silence
Des étudiantes confirment anonymement avoir assisté aux scènes rapportées par les victimes. "Elles ont le courage de témoigner parce qu'elles ne voulaient pas être complices de ça, assure Sonia Bisch. Elles ont pris beaucoup de risque pour leur carrière, pour leurs études. Elles veulent faire ce métier pour la bientraitance, pour soigner des personnes."
Si la parole ne se libère qu'aujourd'hui, c'est parce qu'"on leur a fait comprendre qu'il fallait qu'elles arrêtent un peu leur démarche si elles voulaient avoir leur diplôme", raconte-t-elle.
L'hôpital, l'université de la Sorbonne -d'où proviennent les étudiantes-, et le Conseil de l'Ordre des médecins ont été alertés dès 2014. Trois signalements ont été adressés à ce dernier et cinq ont été transmis à l'AP-HP. Quatre ont abouti sur des propositions de médiation. Mais "il n'y a pas eu de suite", regrette Sonia Bisch. Et d'ajouter: "Pourquoi est-ce qu'il se serait arrêté? Personne ne l'en empêchait". Une enquête interne sera finalement diligentée dans les prochains jours, a indiqué l'AP-HP à franceinfo.
Le Professeur Émile Daraï a pour sa part fait savoir qu'il "contestait les faits dont on l'accuse et récusait des propos qu'il juge diffamatoires".
Une enquête interne bientôt ouverte
"On a dénoncé (les agissements du Pr Daraï) sur les réseaux sociaux parce qu'on trouvait ça inacceptable qu'une personne si réputée puisse être capable d'actes aussi atroces en toute impunité", fustige celle qui estime que le Conseil de l'Ordre des médecins comme le procureur de la République auraient pu s'autosaisir de cette affaire.
Le collectif appelle désormais "toutes les personnes qui souhaitent porter plainte contre ce Monsieur ou contre des personnes du service gynécologique de Tenon, parce que nous avons des témoignages d'autres personnes également", à se manifester.
"Nous allons organiser des plaintes conjointes. Si elles sont déposées en même temps, elles ont plus de chances d'être instruites, estime Sonia Bisch. Et nous allons nous rapprocher de la Fondation des femmes, qui a une force juridique pour mener à bien ce projet".
"Stop aux violences obstétricales et gynécologiques" prévoit également une action devant l'hôpital Tenon, début octobre.