BFMTV
Paris Île-de-France

Paris: un camp de migrants évacué la veille de la "nuit de la solidarité"

Un camp de migrants au parc de Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris. (Photo d'illustration)

Un camp de migrants au parc de Bercy, dans le 12e arrondissement de Paris. (Photo d'illustration) - Serge Tenani et Hans Lucas - AFP

279 personnes exilées sans-abri ont été évacuées de leur campement du 12e arrondissement, près de l'Accor Arena de Bercy.

Près de 300 migrants ont été évacués de leur campement parisien du 12e arrondissement ce mercredi matin lors d'une opération de mise à l'abri conduite la veille de la "nuit de la solidarité", ont annoncé autorités et associations.

Au total, 279 personnes exilées sans-abri ont quitté leurs tentes installées près de l'Accor Arena de Bercy pour être dirigées vers des centres d'hébergement d'urgence en Ile-de-France ou des accueils de jour, a indiqué la préfecture de la région Ile-de-France (Prif), qui a conduit l'opération.

Toutes "vont bénéficier d'une évaluation de leur situation administrative, d'un accompagnement social, sanitaire et administratif" avant d'être "orientées vers des hébergements adaptés", a poursuivi la préfecture.

Une évacuation teintée d'"hypocrisie"

Parmi ces 279 migrants figuraient 149 personnes en famille et près de 90 jeunes se déclarant mineurs, a précisé l'association France terre d'asile, opératrice de l'Etat sur ces actions. Essentiellement originaires d'Afrique, ces familles et jeunes "étaient à la rue depuis un mois" au moins, relève Pierre Mathurin, responsable parisien de l'association Utopia56, qui leur venait en aide dans la rue.

S'il se félicite que ces personnes aient été prises en charge, il souligne également l'"hypocrisie" d'une évacuation "qui a clairement été menée en anticipation de la nuit de la solidarité".

Cette opération, lancée en 2018 par la Ville de Paris, permet d'effectuer un comptage annuel du nombre de sans-abri. Elle aura lieu dans la nuit de jeudi à vendredi et doit permettre, cette année, d'affiner le recensement de la population, selon l'Insee, qui coopérera avec les agents de 27 municipalités pour ce décompte.

"Ce campement était signalé depuis plusieurs semaines. On peut penser que l'évacuation a été faite pour qu'il y ait moins de personnes à compter dans la rue", a encore commenté Pierre Mathurin.

"C'est l'État qui choisit les dates"

L'évacuation ce mercredi matin "faisait suite aux 28 opérations de mise à l'abri de 2021 qui ont permis de prendre en charge 7.319 personnes", a souligné pour sa part la Prif dans un communiqué, rappelant que 155.000 précaires sont pris en charge "chaque nuit" en Ile-de-France.

En réponse à ces accusations, Léa Filoche, ajointe à la mairie de Paris en charge des solidarités, s'est félicité sur BFM Paris de ces mises à l'abri "quelque soit la date de l'année". Elle rappelle que ces opérations sont faites "tous les 15 jours, ou toutes les trois semaines" et que "c'est l'État qui choisit les dates" de celles-ci.

Une évacuation illégale à Saint-Ouen?

Par ailleurs, une cinquantaine de migrants qui vivaient il y a quelques semaines encore sur ce campement de Bercy ont été évacués ce mercredi d'un ancien hangar d'Europcar qu'ils occupaient à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) depuis quelques jours, ont indiqué plusieurs associations.

"La police a brisé le cadenas, cassé une fenêtre et fait sortir les personnes par là, sans qu'il n'y ait d'arrêté d'expulsion. Désormais, les migrants, pour l'essentiel tchadiens et soudanais, sont dehors et ne peuvent récupérer ni leurs tentes ni leurs papiers", a expliqué Paul Alauzy, responsable des maraudes de Médecins du monde, qui intervenait ce mercredi auprès d'eux.

"Il n'y a eu aucune évacuation", a rétorqué une source policière requérant l'anonymat. Lorsqu'un expert mandaté pour "constater la dangerosité du site" est entré dans le squat avec les forces de l'ordre, "les gens sont partis d'eux-mêmes", a-t-elle affirmé.

S.B.-E. avec AFP