Paris: un bidonville formé le long du périphérique dans le 13e arrondissement, une association lance l'alerte

Une ville à quelques mètres des voitures. Le long du périphérique parisien, dans le 13e arrondissement, un bidonville s'étale sur près de 100 mètres depuis plusieurs mois. Il abrite une centaine de Roms originaires de Roumanie.
Dans ces abris de taule, de bâches et de bois, vivent des familles entières avec des enfants en bas âge. Le tout, sans électricité, ni eau courante, et dans des conditions sanitaires préoccupantes.
"On travaille juste à côté"
Pour survivre, certains habitants font de la récupération de matériel dans la déchetterie située à proximité du campement. "Nous on travaille juste à côté", expliquent six hommes rencontrés par BFMTV.
Selon eux, l'eau courante devrait être installée prochainement sur le campement. "Il nous ont dit qu'elle arrivait, mais ce n'est pas encore le cas", assurent-ils.
Sur le camp, il est rare de voir la police intervenir. D'après leurs témoignages, elle se rend rarement sur les lieux, sauf pour gérer le stationnement de certains fourgons qui gênent parfois la circulation.
"On ne les voit que pour les camions et ils nous disent de ne pas nous garer ici. Le reste, c'est bon", souffle l'un d'entre eux.
"Les expulsions sont répétitives"
Une situation de grande précarité que dénonce l'association Rom Réussite. Présidée par Liliana Hristache, qui a elle-même vécue dans un bidonville francilien, l'association se bat pour la scolarisation des enfants et l'accès au logement et au travail des Roms.
"Ma fille tombait tout le temps malade. Les conditions d'hygiène n'y étaient pas du tout dignes", se remémore cette mère de famille.
Aujourd'hui, elle dénonce une politique d'expulsion sans que des solutions concrètes ne soient proposées aux familles. "Les expulsions sont répétitives, on expulse tout le temps les mêmes familles, des mêmes endroits, sans leur proposer des solutions d'hébergement temporaires adaptées", s'insurge Liliana Hristache.
Invitée de BFM Paris Ile-de-France jeudi 6 juillet dernier, la présidente de l'association affirmait que "la situation devenait inquiétante" à l'approche des vacances scolaires, périodes durant lesquelles les expulsions ont majoritairement lieu.
"Des enfants qui ont des parcours scolaires, malheureusement, on leur offre des vacances dans les rues et sans moyen de vivre comme un autre enfant", a-t-elle ajouté.
En Ile-de-France, la préfecture dénombrait 124 bidonvilles pour 6.512 habitants en 2019. Interrogée, l'autorité chargée du relogement et des expulsions, n'a pas souhaité répondre aux questions de BFMTV.
La mairie dénonce des "lenteurs" et des "nuisances"
De son côté, la mairie de Paris déplore la lenteur des opérations. "Tout ça prend beaucoup trop de temps. Une fois qu'il y a un gros campement, c'est beaucoup plus difficile de s'en occuper que lorsqu'ils y a seulement quelques personnes concernées. Il y a des situations qui dégénèrent alors qu'elles ne devraient pas dégénérer", pince Jérôme Coumet, maire du 13 arrondissement.
Le maire pointe également du doigt les nuisances que peuvent causer le bidonville pour les riverains. "Des feux allumés pour se réchauffer, des dégagements de fumées, des problèmes de promiscuité et sanitaire", regrette le maire.
En France, 28 bidonvilles ont été démantelés en 2021 selon les derniers rapports. Un chiffre que les associations estiment "largement sous-estimé".