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Paris Île-de-France

Paris: un amendement déposé pour interdire les bâches publicitaires sur les monuments historiques

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Un amendement visant à "interdire les publicités massives sur les monuments historiques" a été déposé et adopté en commission des finances, le 19 octobre dernier. Ce dernier pourrait sonner le glas de ces imposantes bâches publicitaires.

Un amendement visant à interdire les publicités géantes sur les monuments historiques durant les travaux de rénovation, a été déposé par Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, puis adopté en commission des finances le 19 octobre dernier.

Ces bâches publicitaires, qui servent à financer en partie ou totalement la rénovation de ces monuments, pourraient ainsi être remplacées par des "bâches décoratives avec mention du mécène". L'église de la Madeleine, le Grand Rex, l'hôtel de la Marine ou encore l'église Saint-Augustin ont eu recours à ce type de financement.

"Nos monuments et cœurs de ville historiques ne seront plus défigurés par la publicité de quelques multinationales", écrit l'élu du parti d'extrême droite sur X, qui convoque un "mécénat discret" plutôt qu'une "privatisation du patrimoine".

Des rénovations "grâce à la publicité"

Sur le même réseau social, les responsables du Grand Rex ont répondu au député, expliquant que "c'est grâce à la publicité qui fut installée sur les échafaudages pendant les deux ans de travaux que le Grand Rex a retrouvé son éclat d'antan pour ses 90 ans". Ajoutant: "Nous sommes un bâtiment privé, avec des fonds privés gérés par une famille sans aucun gros groupe derrière. Nous serons ravis de vous montrer notre économie pour que vous ayez un aperçu."

Au micro de France inter, Jean-Philippe Tanguy a estimé que "la France a largement les moyens de financer la restauration de son patrimoine".

"Un contre-sens total"

Une réflexion que ne partage pas Jean-Pierre Lecoq, maire LR du 6e arrondissement. "Pourquoi se priver d'une bâche qui dure quelques mois afin de rénover des monuments qui ont quelques fois des siècles d’existence. Ça aide bien sûr fortement à dégager des ressources qui permettent de rénover le bâtiment", soutient-il au micro de BFM Paris Île-de-France.

L'édile parisien peut également s'appuyer sur la Fédération française du bâtiment qui s'oppose à la "remise en cause" de ces bâches, dans un communiqué publié le 24 octobre. Selon son président Olivier Salleron, cet amendement qui remet en cause "ce dispositif intelligent qui fait appel à des financements privés pour rénover nos trésors nationaux est un contre-sens total".

"Si on peut passer de ces publicités immenses et agressives à une logique de mécénat avec un logo discret dans un coin d'une bâche publicitaire qui reproduit l'image du monument je pense que ce sera mieux", souligne de son côté Julien Lacaze, président de l'association de défense du patrimoine naturel et bâti Sites & Monuments,

La fontaine Saint-Michel bientôt bâchée

L'encadrement des affichages publicitaires sur les monuments historiques avait été modifié, dans le cadre de la loi de finances 2007, afin de permettre une dérogation dans le cadre de travaux de rénovation.

La perte de ces financements pourrait être déterminante alors que cet amendement intervient justement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025. Chaque année, la ville consacre 30 millions d'euros pour ces monuments tandis que la publicité rapporterait 138 millions d'euros.

Au cours des prochains mois, la fontaine Saint-Michel sera, à son tour, ornée d'une bâche lors de travaux de rénovation. Cette campagne rapportera cinq millions d'euros et permettra de financer l'intégralité des travaux mais également une partie de ceux de la fontaine Saint-Sulpice.

Bettina de Guglielmo et Johan Cherifi avec Arthus Vaillant