Paris: les distributions alimentaires interdites dans un secteur "délimité" de deux arrondissements

Station de métro Stalingrad - BFM Paris
Les distributions alimentaires interdites dans un quartier de Paris. La préfecture de police de Paris a annoncé prendre un arrêté d'interdiction, concernant ces opérations entre le 10 octobre et le 10 novembre sur un secteur "délimité" des 10e et 19e arrondissements, autour du boulevard de la Villette, "incluant les abords de Stalingrad et du métro Jaurès".
C'est dans ce secteur, selon la préfecture de police, "que ces distributions alimentaires engendrent, par leur caractère récurrent, une augmentation de la population bénéficiaire de ces opérations et qu'elles contribuent, en corollaire, à stimuler la formation de campements dans le secteur du boulevard de la Villette, où se retrouvent des migrants, des personnes droguées et des sans-domicile fixe", précise un communiqué.
Selon la préfecture, le quartier est devenu "un point de fixation pour de tels campements".
Une décision "incompréhensible" et "inacceptable"
Léa Filoche, adjointe à la mairie de Paris en charge des Solidarités et des Affaires sociales, dénonce une "décision incompréhensible" et demande le retrait de l'arrêté.
"Décision incompréhensible et hors-sol de la part de la Préfecture de police qui déshumanise les personnes à la rue et criminalise la solidarité. L’interdiction de distributions alimentaires ne résout rien. Je demande le retrait de cet arrêté", écrit-elle sur X (anciennement Twitter).
Même réaction pour le sénateur de Paris, Ian Brossat. Il dénonce une décision "inacceptable" et demande également le retrait de l'arrêté.
"Scandaleux. Alors que les prix explosent, que l’inflation court, que des millions de Français sont menacés, les associations d’aide alimentaire se voient empêcher de faire leur mission. Nous demandons le retrait immédiat de cet arrêté", écrit-il, sur X.
"On va juste déplacer le problème"
Il n'y "jamais eu d'incidents sur nos sites de distribution", conteste auprès de l'AFP, Philippe Caro, un responsable du collectif Solidarité migrants wilson, l'une des organisations dont l'action est visée.
"On complique la vie des associations et des gens, sans jamais résoudre leurs problèmes. On va juste déplacer le problème, mais avec les Jeux olympiques qui arrivent, on sent que la pression monte et là les toxicomanes vont servir de prétexte pour virer tout le monde" du nord de Paris, estime-t-il.
"C'est une fois de plus ces personnes qui vont trinquer", a également réagi Samuel Coppens, de l'Armée du salut, qui effectue des distributions sur d'autres secteurs.
Les interdictions vont priver entre "200 et 500 personnes" chaque jour de nourriture, déplore à son tour Océane Marache, coordinatrice parisienne chez Utopia 56, qui intervient auprès des exilés à la rue. Pour l'association, l'État applique à Paris "le même schéma qu'à Calais", où des arrêtés similaires sont pris régulièrement depuis 2020.
Le fait que cette interdiction parisienne intervienne mardi, lors de la journée internationale de lutte contre le sans-abrisme, est "révélateur de la politique anti-SDF que mène l'État", a-t-elle estimé.