Paris: le projet d'extension de la gare d'Austerlitz contesté devant le Conseil d'État

Horizon 2025. À cette date, la gare d'Austerlitz et ses abords, dans le 13e arrondissement de Paris, auront changé de visage. À moins que la justice ne suspende finalement le projet porté par la SNCF, l'État et la mairie de la capitale. Vendredi, à quelques mois des premiers coups de pelleteuse, le collectif Austerlitz a formé en ce sens un recours devant le Conseil d'État.
Une nouvelle procédure judiciaire pour cette agrégation d'associations de riverains et de défenseurs de l'environnement, qui fait suite à la dernière décision de la Cour administrative de Paris, en novembre dernier.
Le juge avait estimé que le plan d'extension -le plus grand projet immobilier parisien depuis le "Balardgone", selon le collectif- répondait à "des buts d'intérêt général poursuivis par l'État".
Un paquebot commercial
Outre la réfection de la gare, le projet d'extension prévoit un réaménagement de la friche attenante. Un bâtiment de 300 mètres de long et de 37 mètres de hauteur, étiré entre la gare et l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, doit sortir de terre. Il hébergera un immense centre commercial, 50.000 m2 de bureaux, 140 logements sociaux, 20.000 m2 de commerces et services ou encore un hôtel quatre étoiles. Le tout pour un budget total proche du milliard d'euros.
"Ce sera très contemporain, assez sublime", s'enflammait Patrick Ropert, le directeur général de SNCF Gares & Connexions, en 2019.
C'est justement la création de ce paquebot commercial que rejette le collectif Austerlitz.
"Désastre"
"D'abord, c'est un désastre économique pour les commerçants du quartier, soutenait ce mardi Olivier Le Marois, porte-parole du collectif "Austerlitz", au micro de BFM Paris. On va avoir ici un centre commercial grand comme cinq hypermarchés. C'est une très mauvaise nouvelle pour les commerçants de Mouffetard, qui sont à dix minutes d'ici, ou ceux d'Aligre, qui sont de l'autre côté de la Seine."
Le groupement d'associations craint de la même manière "un désastre écologique". Selon Olivier Le Marois, "on va créer un énorme îlot de chaleur en plein cœur de Paris et on va émettre des centaines de milliers de mètres cube de carbone".
Austerlitz juge de surcroît ce complexe "parfaitement inutile". "50.000 m2 de bureaux, à quoi ça sert alors qu'il y a 1,5 millions de m2 de bureaux disponibles dans Paris?", s'interroge Olivier Le Marois.

Les élus écologistes mobilisés
Pour appuyer sa démarche, le collectif pouvait ces derniers mois compter sur les élus écologistes du Conseil de Paris.
David Belliard, adjoint EELV à la Transformation de l'espace public et aux transports, a manifesté auprès de Marianne son opposition au projet d'extension défendu par la mairie, comme il avait pu le faire dans le cadre de la modernisation de la gare du Nord. "On ne souhaite pas la transformation des gares en centres commerciaux", a-t-il répété.
Certains élus, dont Julien Bayou, avaient même manifesté leur mécontentement sous les fenêtres de l'Hôtel de ville en avril dernier.