La Clef, dernier cinéma associatif de Paris évacué par la police
Le cinéma La Clef a été évacué ce mardi matin. L'institution culturelle du quartier latin était occupée par le collectif La Clef Revival depuis septembre 2019.
Ses membres avaient reçu il y a plusieurs semaines un courrier les invitant à quitter les lieux sous peine d'expulsion. Ce mardi matin, un peu avant 6h, plusieurs cars de CRS se sont rendus sur les lieux pour procéder à l'expulsion des occupants. Selon les personnes présentes, cette évacuation des lieux a eu lieu sans heurts, mais également sans sommations.
"Ils sont arrivés directement sur la porte et nous, de l'intérieur, on a juste vu une masse taper, raconte à BFM Paris, Héléna Delamarre, référente police du collectif La Clef Revival. Il n'y a pas eu les trois sommations, deux minutes d'attentes entre chaque et l'huissier qui nous parle. Ça a juste tapé d'un coup à fond: pied de biche, visseuse, dévisseuse, ça a duré 5-10 minutes et ils sont rentrés d'un coup. Ils nous ont mis sur le côté et l'huissier a dit: 'voilà, on va faire l'état des lieux, quelqu'un vient avec nous'. C'est allé très vite."
Un appel à une mobilisation pacifique
Le collectif La Clef Revival a dénoncé cette action des forces de l'ordre et a appelé à une mobilisation pacifique près du cinéma. Une prise de parole des membres du collectif est également prévue ce mardi soir dans un lieu pas encore déterminé.
Le cinéma La Clef était officiellement fermé depuis 2018, mais continuait depuis de fonctionner grâce à l'action de dizaines de bénévoles. L'association La Clef Revival voulait faire survivre ce qui est le dernier cinéma associatif indépendant de Paris.
Impossibilité de construire "un projet commun"
Ses occupants s'opposaient au rachat par le Groupe SOS, qui avait mis 4,2 millions d'euros sur la table pour le cinéma, situé dans un quartier en proie à la spéculation immobilière.
Le groupe SOS, l'une des plus grosses associations de l'économie sociale et solidaire (21.000 salariés), présent dans l'emploi, les seniors, la jeunesse ou encore la culture, a toujours dénoncé un procès d'intention, s'engageant à en préserver l'activité de cinéma art et essai.
Dans un communiqué publié mardi, le groupe rappelle néanmoins s'être retiré du projet en amont de l'expulsion et indique ne pas avoir renouvelé sa promesse d'achat. "Force est de constater que, nos multiples tentatives de construction d’un projet commun, aux côtés du collectif, n’ont pas abouti. Par conséquent, nous appelons chacun à prendre ses responsabilités", indique le groupe.