Paris: la trottinette électrique en libre-service est-elle un mode de transport écologique?

À Paris, les 15.000 trottinettes électriques en libre-service sont en sursis. Leur avenir, ce sont les habitants eux-mêmes qui vont en décider dimanche, à travers une consultation citoyenne.
"Pour ou contre les trottinettes en libre-service à Paris?": telle est la question à laquelle ceux qui auront fait le déplacement jusqu'à leur bureau de vote répondront.
Dans l'espoir de convaincre les Parisiens du bien-fondé de la présence de leurs trottinettes dans les rues de la capitale, les opérateurs axent leur communication sur leur côté pratique, mais aussi environnemental. Sur ce dernier point, qu'en est-il réellement?
La fabrication, "le nœud du problème"
La réponse à cette question est nuancée. Là où le bât blesse, pour les trottinettes en libre-service, c'est surtout au niveau de la conception.
"Le nœud du problème, c'est la fabrication, qui génère la moitié de leurs émissions de gaz à effet de serre, indique Anne Aguilera, ingénieure à l'université Gustave-Eiffel, à Slate.
Lithium, caoutchouc, acier, eau et, surtout, aluminium: voilà les composants nécessaires à la fabrication d'une trottinette. Ce dernier alliage "a un impact particulièrement important, car il représente près de la moitié du poids du véhicule et sa production est très énergivore", développe-t-elle.
60 grammes de dioxyde de carbone par kilomètre
Une fois la trottinette mise en circulation, se pose notamment la question de sa durée de vie. Et notamment de celle de la batterie. Si elle n'était "que d'un à deux mois à leurs débuts, elle s'améliore. Nous sommes à un à deux ans aujourd'hui".
Du point de vue des émissions de carbone, Anne de Bortoli, chercheuse associée au laboratoire Ville Mobilité Transport, estime qu'en 2020 les trottinettes électriques partagées relâchaient dans l'air 60 grammes de dioxyde de carbone par kilomètre parcouru.
"Aujourd'hui, la trottinette électrique partagée, à Paris, a une empreinte carbone à peu près trois fois plus faible que la voiture personnelle, six fois plus faible que le taxi, précise l'intéressée au micro de BFM Paris Île-de-France. En revanche, elle a une empreinte carbone qui est dix fois plus importante qu'un déplacement fait en vélo personnel ou en trottinette personnelle, en métro ou en RER."
Zones d'ombre
Études à l'appui, Anne de Bartoli considère que l'arrivée des flottes de trottinettes électriques partagées dans les grandes villes "ont permis de réduire un petit peu les déplacements en voiture, en taxi".
Et d'ajouter: "En dernière génération, elles ont permis d'économiser un petit peu de gaz à effet de serre au niveau de l'échelle de Paris. C'est un effet marginal mais c'est plutôt bénéfique".
S'il ressort que la trottinette est une alternative plutôt vertueuse aux modes de transport thermiques, une part de ses impacts environnementaux reste encore aujourd'hui difficile à établir. Quid, par exemple, des conséquences environnementales engendrées par la circulation des "juicers", des personnes chargées du redéploiement des trottinettes? Quelles conséquences, enfin, les batteries des trottinettes peuvent-elles avoir sur l'eau lorsqu'elles sont jetées dans la Seine?