Paris: l'assemblée citoyenne, tirée au sort, a été inaugurée samedi

Les 100 habitants tirés au sort ont tenu une réunion pour la première fois ce samedi. Cette assemblée a pour but de faire participer le citoyen aux prises de décisions politiques et aux projets municipaux.

Elles fleurissent partout en France cette année. Après Poitiers, Bourges, Nancy et très récemment Villeurbanne, c'est au tour de la capitale parisienne de voir inaugurer son assemblée citoyenne municipale, rapporte le Journal du Dimanche (JDD) dans son édition de ce jour. Une première pour une mégapole française.

Ses membres se sont réunis pour la première fois samedi au cours d'une séance d'installation, officialisant ainsi la naissance de l'institution. Cette nouvelle instance représentative regroupe le chiffre exact de 100 Parisiens, qui ont suivi un long processus de sélection démocratique. Chacun a en effet été tiré au sort parmi les listes électorales et de listes des détenteurs d'une carte citoyenne âgés de 16 à 18 ans.

Peser dans la politique municipale

Le principe de ce tirage au sort tenait compte de quatre critères, visant à garantir une juste représentativité de la population parisienne au sein de l'assemblée: géographique, par catégorie socioprofessionnelle, par sexe (l'hémicycle doit une égale répartition d'hommes et de femmes) et par âge, relate le JDD.

La diversité de ces membres doit ainsi infuser dans la politique municipale. L'assemblée dispose en effet de plusieurs prérogatives. Elle doit "assurer la veille citoyenne", selon les mots d'Anouch Toranian, adjointe chargée de la vie associative, de la participation citoyenne et du débat public à la Mairie de Paris, recueillis par le JDD: concrètement, les 100 Parisiens pourront interpeller le Conseil de Paris en se faisant le relais de pétitions et de sujets jugés marquants par les habitants.

Par ailleurs, elle pourra peser dans les décisions municipales avec les différentes possibilités qui lui sont laissées. Auditionner les élus locaux, exiger une mission d'évaluation, émettre des vœux au Conseil de Paris: les marges de manœuvre de l'assemblée citoyenne sont nombreuses.

"Nous ne pouvons ignorer le malaise démocratique"

L'assemblée se réunira une demi-journée par mois. La Ville de Paris a doté cette instance d'un budget annuel de 40.000 euros. Ce montant comporte l'indemnisation des participants - à hauteur de 44 euros par demi-journée - leur formation et la mise à disposition d'un agent municipal à plein temps. En outre, un "comité de garants", composé d'un représentant de chaque groupe politique municipal et de chercheurs, a été constitué pour accompagner l'assemblée.

"La décision a été prise en 2019, en pleine crise des Gilets jaunes. Nous ne pouvons ignorer le malaise démocratique, l'abstention, la radicalisation du débat public", affirme Anouch Toranian à nos confrères.

Pour sa part, la branche droitière du Conseil municipal parisien se montre sceptique : "Nous contestons cet appauvrissement de la décision politique et ce dénigrement de la démocratie représentative qui vise à installer un huis-clos avec les citoyens excluant l'opposition", martèle Rudolph Granier, conseiller LR de Paris, au JDD.

La première séance plénière de cette assemblée citoyenne se tiendra au cours du mois de janvier prochain.

Hugo Roux