Paris: Anne Hidalgo mise en cause pour avoir reçu des cadeaux du sculpteur Richard Orlinski, son entourage la défend

Des cadeaux encombrants pour la mairie de Paris. Nos confrères de Mediapart ont révélé ce dimanche 10 mars que des œuvres ont été offertes par le célèbre sculpteur Richard Orlinski à plusieurs élus, y compris à la maire de Paris Anne Hidalgo ainsi qu'à son adjoint chargé du sport et des Jeux olympiques et paralympiques Pierre Rabadan.
Selon le média d'investigation, les œuvres de l'artiste ont une valeur atteignant parfois plusieurs milliers d'euros. Elles ont été données des personnalités politiques niçoises et parisiennes, au moment où son travail était particulièrement mis en valeur dans ces deux municipalités.
Les cadeaux déclarés aux instances dédiées
Contactée par BFM Paris-Ile-de-France, l'entourage d'Anne Hidalgo a tenu à défendre la maire parisienne. Le cercle rapproché de l'élue affirme qu'elle n’a pas de relation particulière avec cet artiste contemporain. Anne Hidalgo n'aurait eu l’occasion de le croiser que lors d'événements et n'aurait "jamais reçu dans son bureau à l’Hôtel de Ville."
Selon son entourage, la valeur des cadeaux reçus n'était pas connue "puisque non expertisée", Leur existence a été déclarée aux instances dédiées, insiste la même source. "Cet artiste a envoyé plusieurs cadeaux ces dernières années à l’occasion des fêtes de fin d’année", poursuit l'entourage de l'édile.
L'adjointe à la mairie de Paris Lamia El Aaraje explique quant à elle que la maire de Paris "reçoit beaucoup de cadeaux lors de visites, de déplacements, d'échanges institutionnels, et il est d'usage, évidemment, de ne pas les refuser",
De son côté, l'opposition parisienne dénonce un manque de transparence de la part d'Anne Hidalgo et évoque avec ironie "un loup", faisant référence à l'une des sculptures offertes à l'édile. "C'est un véritable bestiaire, une animalerie qui est en train de pleuvoir sur la mairie de Paris", déclare David Alphand, vice-président du groupe Changer Paris, auprès de BFM Pars Île-de-France.
L'opposition demande aujourd'hui à la maire de Paris de présenter des "éléments de preuve de sa bonne foi" et demande à ce que les avis de la commission de déontologie soient "rendus publics", cette dernière étant déjà mise pour son avis rendu sur le très controversé voyage d'Anne Hidalgo en Polynésie.
"Ce qui est troublant dans cette affaire, c'est que, d'une part, madame Hidalgo prétend qu'elle va revendre ses sculptures, mais d'autre part, son adjoint à lui les rend. Alors comme toujours avec la maire de Paris, c'est toujours des explications qui sont emberlificotées et dans lesquels on a beaucoup du mal à comprendre et à saisir les tenants et les aboutissants", dénonce l'élu d'opposition.
Un ours gris estimé 6.500 euros
Outre Anne Hidalgo, un ours gris d’une valeur de 6.500 euros, selon les estimations des équipes de l'artiste, a notamment été offert à l'adjoint au sport, Pierre Rabadan, au moment où l'artiste souhaitait voir exposer en version monumentale ses Phryges, nom donné aux mascottes des Jeux olympiques, dans la capitale. L'entourage d'Anne Hidalgo affirme que la commission de déontologie avait été saisie rapidement par les équipes de l'élu au sujet du cadeau.
Le cadeau fait par celui qui est surnommé le sculpteur des stars a finalement été renvoyé par la municipalité. "Ce n’est pas Médiapart qui a entraîné la décision du renvoi du cadeau fait à Pierre Rabadan. Il était prévu de le renvoyer depuis plusieurs semaines", précise l'entourage d'Anne Hidalgo.
Par ailleurs, l'exposition sur les Phryges n’aura finalement pas lieu compte tenu du coût, une décision actée "fin janvier-début février", défend l'entourage de la maire.
"Le projet d’installation de Phryges a été instruit comme n’importe quel dossier. Orlinski ne bénéficie d’aucun passe-droit d’aucune sorte à la ville de Paris", affirme l'entourage de la maire de Paris.
L'entourage de la maire de Paris précise qu'un "certain nombre de cadeaux offerts à la mairie feront l’objet d’une vente aux enchères avant la fin du mandat". L'adjointe Lamia El Aaraje précise d'ailleurs que la somme récoltée lors de cette vente "sera reversée à des associations caritatives".
Enfin, le choix de l'artiste pour mettre en valeur son travail à l'occasion de deux événements culturels en 2017 et 2021 n'était pas du fait de la mairie, ajoute la même source.
La ville assure également que toutes les expositions de l'artiste dans la capitale "ont toujours été faites par des tiers comme des associations de commerçants par exemple, et instruites selon les procédures", assurant que l'artiste n'a "jamais eu aucun passe-droit à l'hôtel de ville".
Le site d'information Mediapart a par ailleurs révélé dans cette même enquête que le maire de Nice Christian Estrosi a également reçu des œuvres de Richard Orlinski, qu'il présente comme un "ami".
De son côté, l'association de lutte contre la corruption Transparence Citoyenne a déclaré sur X qu'elle préparait "une action sur ce nouveau scandale".