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"On s'est moqué de nous": la colère des riverains face à l'ouverture prolongée des terrasses estivales à Paris pendant les JO

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La maire de Paris a annoncé l'ouverture des terrasses jusqu'à minuit pendant les Jeux olympiques, contre 22 heures actuellement. Les associations de riverains dénoncent un "mépris" de la municipalité envers les Parisiens.

"Un bras d'honneur aux riverains." Alors que la maire de Paris a annoncé vendredi dernier l'ouverture des terrasses estivales jusqu'à minuit pendant les Jeux olympiques, contre 22 heures actuellement, les collectifs de riverains dénoncent une victoire du "lobby des bistrots" et s'insurgent de la décision de la municipalité.

"On a vraiment l'impression que la ville fait tout pour quasiment nous chasser de la ville pendant la durée des Jeux olympiques", dénonce Gilles Pourbaix, président du réseau Vivre Paris, au micro de BFM Paris Île-de-France. "Les transports, ça va être très compliqué, alors faites du télétravail ou bien partez à la campagne. Maintenant les bistrots, on va les ouvrir jusqu'à minuit tous les soirs. Ça va quand même perturber la vie. Et donc on a l'impression qu'on est presque de trop."

Un "profond mépris pour les Parisiens"

Dans une lettre ouverte adressée à Anne Hidalgo et son adjoint en charge du tourisme et de la vie nocturne, Frédéric Hocquard, ce mardi 19 mars, le collectif Droit au sommeil annonce tout bonnement claquer la porte du Conseil de nuit, créé il y a une dizaine d'années et qui regroupe entre autres des associations de riverains, des syndicats de restaurateurs et des professionnels de la nuit.

Le collectif y dénonce une extension de l'amplitude horaire des terrasses de deux heures sur une durée de 70 jours, entre le 1er juillet et le 8 septembre, perçue comme "une ultime provocation" et "un passage en force".

"Nous avons eu la naïveté de croire que nos mises en garde sur le bruit nocturne et son impact sur le sommeil, avaient été entendues et qu'une solution équilibrée nous était proposée", écrit le collectif, qui se dit "consterné" du manque d'implication de la municipalité pour la santé à la fois environnementale, mais aussi celle des riverains.

"Aucun objectif chiffré de la réduction de la pollution sonore nocturne n'est fixé, aucune action n'est jamais menée après exploitation des données des capteurs de BruitParif", souligne le collectif.

Gilles Pourbaix pointe lui aussi une décision qui témoigne d'un "profond mépris pour les Parisiens" et prise unilatéralement par la mairie de Paris. "On nous annonce une chose un jour, et quatre jours plus tard, quelque chose qui n'a plus rien à voir", dénonce-t-il. "On s'est moqué de nous."

La mairie assume son choix

De son côté, la mairie de Paris assume sa décision et évoque auprès de l'AFP un choix "convivial et festif".

"Les terrasses participent de la régulation de l'espace nocturne" et "les villes sans terrasses sont des endroits dans lesquels il y a moins de sécurité", déclare l'adjoint Frédéric Hocquard.

Ce dernier se veut aussi rassurant auprès des riverains concernant les nuisances liées aux terrasses. L'adjoint précise à l'AFP que sur les 15.000 établissements avec débit de boisson de la capitale, seuls 3.000 bénéficient d'une autorisation pour une terrasse estivale.

De leur côté, les restaurateurs accueillent évidemment la nouvelle avec beaucoup d'enthousiasme. Pour le restaurant le Diggity dans le 11e arrondissement, la terrasse représente 24 places supplémentaires. Une ouverture étendue de deux heures chaque soir représente quasiment un troisième service pour l'établissement.

"C'est une super nouvelle", se réjouit Hugo Messerschmitt, co-gérant du restaurant, au micro de BFM Paris Île-de-France. "À 22 heures, c'est toujours le moment un petit peu compliqué. Là, il n'y aura plus de question à se poser, on pourra même renouveler les tables."

Nicolas Dumas, Chloé Berthod avec Laurène Rocheteau et AFP