"On a été chercher Paris": des agriculteurs exhibent des panneaux d'entrée de la capitale retournés sur l'autoroute A6

"Puisqu’on ne peut pas entrer dans Paris, qu’on ne peut pas aller à Paris, on a été chercher Paris". Ce mercredi 31 janvier, Thierry Desforges, agriculteur et vice-président de la FDSEA de l’Essonne, et d'autres agriculteurs présents sur l'A6 Essonne ont emmené sur un point de blocage des panneaux signalétiques de la ville de Paris situés aux entrées de la capitale.
Un geste "symbolique" pour Thierry Desforges et les agriculteurs mobilisés sur l’autoroute A6 au niveau de Chilly-Mazarin. C’est à l’envers que les manifestants ont exhibé leurs panneaux de la ville de Paris, empruntés le temps de blocage selon les mots de Thierry Desforges, pour dénoncer une politique agricole qui "marche sur la tête". Partout en France, des centaines de panneaux de communes ont déjà été retournés dans le même but.
"On est méprisé par Paris"
"On veut montrer qu’on ne sait pas comment, on est méprisé par Paris par ce qu’il se passe en haut.", rapporte Thierry Desforges à BFMTV. "Nous, on est en bas, on est les producteurs", poursuit-il.
Le porte-parole d’une partie du monde agricole en Essonne a le sentiment de ne pas être "très considéré par le gouvernement” et les Parisiens. "Est-ce que les Parisiens ne veulent pas de nous? C’est ce qu’on se demande", poursuit Thierry Desforges.
Si Paris ne veut pas de tracteurs, les agriculteurs, eux, vont chercher Paris. Depuis le mardi 30 janvier, et les annonces faites par Gabriel Attal, certains paysans ont décidé de se rapprocher de la capitale. Des véhicules blindés des forces de l'ordre ont été déployés en banlieue parisienne, notamment sur l’A6 où un campement s’est formé à moins de dix kilomètres du marché d’intérêt général de Rungis.
Ce mercredi soir, des personnes sont brièvement entrées dans une zone de stockage du marché international de Rungis et ont commis des dégradations, selon une source policière.79 personnes ont été placées en garde à vue pour dégradation du bien d’autrui en réunion et participation à un groupement formé en vue de la préparation de dégradations de bien.
Sur l'A6, au niveau de Chilly-Mazarin, en début de soirée, ce mercredi 31 janvier, les agriculteurs se sont rapprochés du barrage des CRS. "On montre qu'on est au contact mais on n'ira pas à l'affrontement", précise le vice-président de la FDSEA Île-de-France.
"Les Parisiens veulent nous voir"
Le vice-président de la FDSEA de l’Essonne souhaite pénétrer dans la capitale. "Les Parisiens veulent nous voir, ils aiment les agriculteurs, affirme-t-il auprès de BFMTV. Ils soutiennent le mouvement."
Selon Thierry Desforges, les agriculteurs ont le droit de se rendre à Paris. "Les gens vont au théâtre à Paris, vont au cinéma à Paris, nous on a envie d’aller à Paris pour manifester."
"Aller communier avec les Parisiens"
L’entrée des tracteurs dans Paris, l’agriculteur se l’imagine. "C’est la fête pour nous d’entrer à Paris. On a certes des revendications, mais c’est toujours positif, bienveillant, dans le respect des biens des personnes", affirme-t-il. Paris, “c’est toujours une fête” pour l'agriculteur.
"On va chanter, danser, s’imagine Thierry Desforges. Le but, c’est d’entendre les parisiens nous applaudir, d’aller communier avec les Parisiens qui sont nos consommateurs."
Le siège de Paris, lui, n’est qu’un fantasme. "On ne veut pas tout bloquer", assure Thierry Desforges. "La présence sur les routes et les principaux accès vers Paris est symbolique", rapporte-t-il. "On a toujours dit qu’on voulait assiéger la capitale, mais ce que l’on attend, c’est qu’on nous laisse entrer dans Paris", conclut-il.
Selon les informations de BFMTV, 20 compagnies de CRS seront déployées en région parisienne ce jeudi 1er février. Une mobilisation en hausse par rapport au nombre de compagnies habituellement déployées en région parisienne.