Neuilly-sur-Marne: un cirque s'installe après avoir menti sur la présence d'animaux sauvages

"Des manoeuvres de voyous". Le maire (DVD) de Neuilly-sur-Marne, Zartoshte Bakhtiari exprime sa colère sur BFM Paris, après l'installation jugée trompeuse du “cirque Europa” dans sa commune la semaine dernière.
"Une publicité mensongère"
L’affaire commence lorsque le maire donne l'autorisation à la troupe de jouer dans la ville, le cirque ayant assuré que les spectacles seraient 100% humains, sans animaux sauvages. Une convention est signée entre les deux parties, mais lorsque le cirque s'installe sur l'emplacement prévu par la commune, le maire remarque la présence d'animaux sauvages dans le campement.
"Le jour de l'installation on découvre des camions fermées, on les laisse s'installer. Lorsqu'ils ouvrent les volets, on découvre des grands fauves, des tigres, des zèbres et plein d'animaux sauvages, alors que le contrat stipulait très clairement qu'il ne devait pas y avoir un seul animal (...) Ils nous ont fait de la publicité mensongère”, raconte Zartoshte Bakhtiari à BFM Paris.
Le directeur du cirque assume lui avoir menti de manière délibérée pour obtenir l'autorisation d'implanter son cirque. Contacté par nos confrères du Parisien, il affirme même que les mairies les "forcent à mentir" afin de pouvoir continuer à vivre de leurs spectacles. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le cirque utilise cette méthode afin de se rendre dans une ville puisque les forains avaient également menti sur la présence d'animaux pour pouvoir s'installer à Argenteuil (Val d'Oise) en juillet dernier.
L'électricité coupée au cirque, l'affaire portée en justice
Le maire de Neuilly-sur-Marne estime, lui, qu'il s'agit de comportements de "cirque pirate" qui n'incitent pas les élus à faire confiance aux cirques. Il ajoute que le cirque a aussi menti sur le nom de sa compagnie. Selon Zartoshte Bakhtiari, le contrat entre le cirque et la commune a été signé au nom de “Circus moderne” et non pas au nom de "cirque Europa".
"Comment demain, faire confiance à un cirque qui vous vend du rêve et qui en réalité, arrive avec un cirque qui est totalement différent", s'insurge l'élu de Seine-Saint-Denis.
Face à ces mensonges, le maire a demandé immédiatement aux membres du cirque de faire partir les animaux. Selon l'édile de Neuilly-sur-Marne, ceux-ci en ont pris l'engagement, mais les animaux ont malgré tout continué de participer aux spectacles.
Le maire choisit alors de prendre des mesures plus fortes contre ce cirque. Il décide de rompre le contrat, de leur couper l'accès à l'électricité et de saisir en référé la justice. Il regrette toutefois que l'audience sur cette affaire, ne soit planifiée que le 12 novembre, alors que le cirque a prévu de quitter les lieux deux jours plus tard. "Ça n'a aucun intérêt", critique-t-il.
Toutes ces mesures prises n'ont pas permis de provoquer le départ de la troupe, installée illégalement sur la commune depuis la rupture du contrat. Zartoshte Bakhtiari affirme même que les maires sont "démunis" pour se protéger de telles situations.
"Aujourd'hui, nous maires, on n'a pas les moyens de faire respecter ces contrats-là", explique t-il.
Il demande désormais que le préfet prenne en main cette affaire, et souhaite l'intervention des forces de l'ordre afin de faire partir les forains.
Tensions entre des militants associatifs et les forains
En attendant, des associations pour la protection des animaux et des riverains se sont également mobilisés contre la présence du cirque. Un rassemblement citoyen a été organisé à proximité de leur emplacement en milieu de semaine dernière. Une manifestation qui a dégénéré, selon le maire, provoquant l'arrestation d'une personne.
La tension est encore montée d'un cran quelques jours plus tard lors d'une nouvelle mobilisation de militants le week-end dernier. Les manifestants sont venus avec des pancartes indiquant vouloir mettre fin aux animaux dans les cirques. Les forains ont répliqué en les accueillant munis de barres de fer. Des policiers étaient présents sur place pour séparer les deux camps. Ces tensions ont été filmées par des riverains et des militants et ont été partagées sur les réseaux sociaux.
Sur le groupe Facebook “Parce que tu sais que tu aimes Neuilly-sur-Marne quand", un internaute assure que plusieurs personnes ont reçu ce jour-là, des coups de la part des membres du cirque. Quatre plaintes ont été déposées.
La question de la présence des animaux sauvages va elle, bientôt s'inviter à nouveau dans le débat législatif. Une proposition de loi sur la maltraitance animale doit être votée au parlement le 15 décembre prochain. En octobre dernier, députés et sénateurs étaient déjà parvenus à se mettre d'accord sur un texte final. Dans cette loi, un article stipule que les spectacles présentant des animaux sauvages seront interdits dans les cirques itinérants pendant sept ans. En octobre 2020, le gouvernement avait déjà annoncé la "fin progressive" de ces animaux dans les cirques itinérants.