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Paris Île-de-France

Mort dans une salle de sport à Paris: la cryothérapie est-elle une pratique dangereuse?

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Une personne est morte ce lundi dans une salle de sport du 11e arrondissement de la capitale, un décès qui serait survenu lors d'une séance de cryothérapie, selon le parquet de Paris.

Une personne est morte ce lundi 14 avril suite à un dégagement accidentel de gaz dans une salle de sport dans le 11e arrondissement de Paris. Une autre personne est dans un état grave.

Le parquet de Paris a indiqué qu'une autopsie et des analyses toxicologiques ont été ordonnées. L'objectif: déterminer avec précision la cause de la mort, laquelle serait survenue au cours d’une séance de cryothérapie. Cette technique est utilisée depuis de nombreuses années dans le monde sportif pour favoriser la récupération, mais ne fait pas l'unanimité dans le monde scientifique.

"Des effets secondaires bien réels ont été matérialisés"

Interrogé par le député Pierre Morel-À-L'Huissier en septembre 2022, le ministère de la Santé rappelait alors que la cryothérapie "est utilisée à des fins thérapeutiques, esthétiques et de bien-être". "Les cabines de cryothérapie corps entier sont des dispositifs médicaux et répondent aux exigences du règlement européen pour les dispositifs médicaux", pointait alors le ministère.

"Si le froid est utilisé avec un but esthétique, il peut être utilisé par un esthéticien et ne doit entraîner aucune destruction de tégument (des tissus qui enveloppent les organes, NDLR)", complète le ministère dans sa réponse au député.

Dans une étude publiée en 2019, l'Inserm, un institut de recherche médicale, pointait les "problèmes de sécurité" d'une cryothérapie pour le corps entier.

"Des effets secondaires bien réels ont été matérialisés par les études de cas publiées, des témoignages de professionnels et des affaires en justice", détaillaient les scientifiques.

Ces derniers citent notamment des "brûlures locales au 1er ou 2e degré, céphalées ou accentuations des douleurs présentes, urticaire chronique au froid, panniculite à froid, intolérances digestives et plusieurs cas d’ictus amnésique". Raison pour laquelle les auteurs de l'étude jugent "qu'il est indispensable de mieux étudier, évaluer la cryothérapie du corps entier".

Des résultats "modestes"

Pour l'Inserm, "il est difficile de se prononcer sur l’efficacité de la cryothérapie corps entier". "Il est possible qu’à court terme cette prise en charge ait un certain effet. Il est vraisemblable que cet effet soit au mieux modeste, surtout à distance de l’intervention. En tout état de cause, la cryothérapie ne peut en aucune façon revendiquer de traiter efficacement des cancers ou d’autres pathologies somatiques sévères", concluent les scientifiques.

L'institut de recherche remet aussi en cause les études mettant en valeur cette technique. "Quand ils sont en faveur d’un effet positif de la cryothérapie, ces résultats sont modestes et mesurés uniquement à très court terme. D’autre part, la qualité méthodologique des études laisse beaucoup à désirer", déplorent les scientifiques de l'Inserm.

Matthieu Heyman