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Paris Île-de-France

Montreuil: un adjoint au maire victime d'un guet-apens homophobe raconte son agression

L'élu a partagé la violente agression homophobe dont il a été victime au début du mois.

L'élu a partagé la violente agression homophobe dont il a été victime au début du mois. - Capture écran

L'élu qui pensait se rendre à un rendez-vous a été victime d'un guet-apens et roué de coups.

"Ils pensaient que je me tairais". Par ces mots, Luc Di Gallo, adjoint au maire de Montreuil, introduit le récit glaçant du guet-apens homophobe dont il a été victime le 2 juin dernier.

Après plusieurs jours de silence, l'élu explique avoir trouver la force de "se confier publiquement" sur la violente agression qu’il a subie à cause de son orientation sexuelle.

Le vendredi 2 juin, Luc Di Gallo se rend "à un rendez-vous fixé avec un homme via une application de rencontre homosexuelle appelée Grindr". La rencontre doit se faire au parc des Guilands à Montreuil. Mais arrivé sur place, le rendez-vous vire au véritable enfer. "C’était un guet-apens homophobe!", résume Luc Di Gallo.

"Arrivé sur place, un jeune homme m’attendait, rapporte l’élu. Il portait un masque chirurgical au prétexte d’être allergique aux pollens, le rendant ainsi difficilement reconnaissable."

Luc Di Gallo suit son rendez-vous "tout en discutant avec lui sur un chemin qui devenait de plus en plus sombre". Le piège se referme. "Soudain, il a stoppé sa route dans un endroit très sombre, reprend Luc Di Gallo. C’est là qu’il a crié: “SORTEZ” et trois personnes ont surgi derrière des arbres."

"J'ai crié en vain"

L'élu raconte alors son agression soudaine. "Dans un mouvement très rapide, il a passé son bras autour de mon cou afin de me maîtriser, poursuit l’élu devenu victime. Les trois autres se sont jetés sur moi pour me rouer de coups de poing à la figure." Luc Di Gallo reçoit une salve d’insultes homophobes. "L’un d’eux a crié “SALE PD, PÉDOPHILE", décrit la victime sur ses réseaux sociaux.

"J’ai crié en vain "AU SECOURS" en espérant une réaction des personnes présentes tout près dans le parc." Son agresseur, "qui devait être mon partenaire d’un moment", lui serre le cou de plus en plus fort, "pour que je me taise".

Le cauchemar de Luc Di Gallo se poursuit. Il se retrouve face contre terre sous la contrainte de son agresseur. On lui intime de ne pas bouger et de ne pas crier. Il est maintenu violemment par l'un de ses agresseurs. "J’étouffais, je ne savais plus quoi faire pour le satisfaire afin qu’il me laisse respirer", poursuit-il.

Le calvaire de l’élu s’arrête enfin. "J’ai entendu: "c’est bon, on a tout" et ils m’ont libéré". Ses agresseurs ont pris la fuite en courant, les objets de valeur de la victime dans les poches.

La violence "inscrite dans ma chair"

"Ce qui devait achever une belle soirée heureuse (...) s’est transformé en un déchaînement de violence inouïe", confie l’élu qui a rencontré la psychologue de l’association SOS victime 93.

"La violence des coups, la violence de l’homophobie, la violence de la préméditation, la violence dûe à la peur de l’étouffement, la violence des regards à affronter quand on la visage atteint, la violence de l’exposition de sa vie privée, la violence des changements non désirés dans sa vie, la violence de la culpabilisation. Cette violence, j’en subis encore les conséquences aujourd’hui", poursuit Luc Di Gallo sur Twitter. Ce dernier raconte les séquelles psychologiques de cette agression.

"Je sursaute quand quelqu’un parle derrière moi par surprise. Je ne supporte pas bien qu’un coiffeur me lave la tête, j’ai le sentiment qu’il va m'étrangler", rapporte la victime traumatisée.

"J'aime toujours l'humanité"

Après sa terrible agression, Luc Di Gallo a déposé plainte. "J’ai pris conscience à ce moment-là de ce que voulait dire 'briser une personne '. Ils ne m'enlèveront pas ma fierté d’être homosexuel, c’est ce qui m’a donné la force d’écrire ces quelques mots. Ils ne m'enlèveront pas les plaisirs et les joies de la vie”, martèle Luc Di Gallo.

"Ils n’auront pas ma rancœur, seulement mon désir de justice. Car j’aime toujours la vie, j’aime toujours l’humanité (...) j’aime toujours."

Luc Di Gallo a reçu de nombreux messages de soutiens d'élus. David Belliard, adjoint à la mairie de Paris salue notamment son témoignage "si courageux et si glaçant". Sa consoeur Léa Filoche, également adjointe à la mairie de Paris, dénonce quant à elle l'homophobie, "un fléau à combattre chaque jour".

Charlotte Lesage