Meurtre de Philippine: l'avocate du principal suspect dénonce la récupération politique du drame

Taha Oualidat est le principal suspect du meurtre de Philippine, dont le corps a été retrouvé dans le bois de Boulogne ce samedi 21 septembre - BFMTV
Une semaine après la découverte du corps de Philippine dans le bois de Boulogne, l'avocate qui a assisté Taha Oualidat, principal suspect du meurtre, lors d'une première affaire de viol s'est exprimée dans les colonnes du Parisien, ce samedi 28 septembre.
Me Laura Beauvais déplore la récupération politique, notamment d'élus de droite et d'extrême droite, liée à la nationalité de son client et à la mesure d'obligation de quitter le territoire. "Je suis hallucinée qu’on ne parle que du fait que Taha était étranger alors qu’on sait pertinemment que des viols, il y en a pléthore qui sont commis par des Français."
Rejetant l'idée véhiculée par ces mêmes acteurs politiques d'une justice "laxiste", l'avocate ajoute : "Pour moi, la question n’est pas celle de l’immigration mais celle du suivi et de la réinsertion des violeurs."
"Quelqu'un de très seul"
Me Laura Beauvais raconte avoir eu des nouvelles du mis en cause "il y a un an et demi" par le biais de l'association qui le suivait lors de sa détention. Leur dernière rencontre s'est faite après le verdict de la cour d'assises des mineurs de Pontoise. "J’avais besoin de le voir pour savoir dans quel état d’esprit il était et comment il avait accueilli le verdict", indique-t-elle au quotidien. "C’était quelqu’un de très seul, qui n’avait personne pour lui rendre visite, ni famille, ni ami."
Après avoir nié catégoriquement durant les différents interrogatoires, Taha Oualidat avait fini par reconnaître les faits de viol. "J’avais le sentiment d’une véritable prise de conscience."
Une enfance "chaotique"
Me Laura Beauvais relate le parcours d'un homme qui a connu "une enfance particulièrement chaotique" marquée par la mémoire d'une mère qui serait "morte dans son sommeil" et d'un père qui l'a abandonné en Espagne à l'adolescence. C'est à ce moment-là que l'adolescent décide de rejoindre la France avant d'être pris en charge dans un foyer pour mineurs isolés à Taverny (Val-d'Oise)
En détention, après avoir été condamné en 2021 à sept ans de prison pour un viol commis sur une étudiante de 23 ans en 2019, le jeune homme était scolarisé et apprenait le français, souligne l'avocate. Me Laura Beauvais raconte qu'un basculement s'est opéré au moment de son transfert "dans le secteur des majeurs".
Un comportement qui "devenait inquiétant" et un fort état de mal-être lié à son isolement sont décrits. Plusieurs alertes ont été émises à la justice "sur le fait qu'il risquait de s'en prendre à lui-même", souligne l'avocat, qui ajoute: "On craignait un suicide, pas une récidive."