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Livreur agressé à Cergy: ce que l'on sait des faits et de l'avancée de l'enquête

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Deux jours après l'agression de Joseph, un livreur Uber Eats, à Cergy (Val-d'Oise), les enquêteurs continuent de préciser le déroulé de la soirée. L'auteur présumé des faits est actuellement en garde à vue.

Une enquête judiciaire ouverte, l'auteur présumé des faits interpellés, plusieurs plaintes déposées... Deux jours après l'agression à caractère raciste d'un livreur de la société Uber Eats à Cergy (Val-d'Oise), le déroulé de la soirée se précise, a appris BFM Paris ce mardi auprès d'une source proche de l'enquête.

Un client défavorablement connu

Dimanche soir, aux alentours de 22h40, le cuisinier du restaurant "O Mil'Pâtes" reçoit un appel d'un habitué des lieux lui demandant de préparer quatre pizzas. Il refuse, le client, âgé d'une vingtaine d'années, étant défavorablement connu du restaurant. L'été précédent, l'homme était parti sans payer et le mois précédent, il avait passé commande de plusieurs plats auprès de l'établissement, sans jamais venir les chercher. Il s'est donc retrouvé "blacklisté" de l'établissement.

Face au refus du cuisinier ce jour-là, le client menace de venir sur les lieux. Il se présente avec un groupe de trois hommes devant "O Mil'Pâtes". Ils entrent à l'intérieur et se dirigent vers les cuisines pour intimider la personne qui préparait les commandes. Ce dernier, paniqué, accepte finalement de réaliser les quatre pizzas demandées.

En attendant d'être servi, le vingtenaire s'en prend alors verbalement et physiquement à Joseph, le livreur Uber Eats qui récupérait une livraison du restaurant voisin "Brasco". C'est en raison de la musique que le livreur écoutait sur son enceinte que l'altercation a commencé.

Le suspect "peu bavard" en garde à vue

L'homme suspecté d'être l'auteur des faits a été arrêté vers 12h45 ce mardi, dans le Xe arrondissement de Paris. En garde à vue, il s'est montré "peu bavard" et "peu coopératif" avec les enquêteurs de la Brigade de Sûreté Urbaine de Cergy, selon nos informations. Pour l'heure, aucun lien n'a été établi entre le suspect et un quelconque emploi au sein de l'un des deux restaurants.

Joseph, interrogé sur notre antenne ce mardi, en fin d'après-midi, s'est dit "content" qu'il ait été arrêté, mais toujours "sous le choc". "Je suis traumatisé. La France est un pays de loi, que justice soit faite, il faut qu'il y ait des conséquences", a poursuivi le livreur.

Son avocat, Me Méhana Mouhou, a assuré sur notre antenne que son client avait été "lynché à plusieurs reprises ce soir-là". Il s'est étonné qu'une seule femme ait réagi, une voisine qui a filmé la scène et a elle-même été victime d'insultes. Selon lui, "rien n'a déclenché cette violence". La musique est "un prétexte", a-t-il avancé:

"C'est une façon de dominer, vous pouvez chercher toutes les causes possibles mais elles ne valent rien du tout. On lui a demandé de baisser sa musique, il en fallait encore plus. C'est le sentiment de domination de quelqu'un sur quelqu'un d'autre. On a deux victimes, ce malheureux livreur et cette jeune femme qui va essuyer un certain nombre de menaces et d'insultes."

Quatre plaintes

Une plainte a été déposée par le livreur pour "violences volontaires avec la circonstance aggravante de racisme", "apologie de l'esclavage" et "apologie de crime contre l'humanité", a indiqué son conseil sur notre plateau.

L'autrice de la vidéo, qui a elle aussi été visée par des injures racistes, a également engagé une procédure pour "injures publiques à caractère raciste" et "menaces de mort réitérées", notamment. Idem pour le gérant du restaurant "Brasco" devant lequel les faits se sont déroulés.

Toujours selon une source proche de l'enquête, le gérant de l'établissement "O Mil'Pâtes", ainsi que son cuisinier, vont également porter plainte mercredi matin. À ce stade, ls ont simplement déposé une main courante. Il s'agira donc, au total, de la quatrième plainte dans cette affaire.

Raphaël Maillochon avec Clément Boutin