"C'est vital":les boulistes de Montmartre annoncent transformer leur terrain de pétanque en "ZAD"

Des boulistes qui refusent de céder, au point de devenir zadistes. Face à un arrêté d'expulsion du terrain qu'ils occupent dans le quartier de Montmartre, les dirigeants du Club Lepic Abbesses Pétanque (Clap) ont annoncé samedi 20 avril qu'ils "refusent de quitter les lieux et créent une Zone à Défendre (ZAD)".
"Les licencié.e.s du Clap refusent de quitter le terrain qu’ils occupent depuis 52 ans malgré l'injonction du Conseil d'État", qui fait "suite à la demande de la mairie de Paris", a fait savoir l'association dans un communiqué.
Bataille administrative
Un arrêté est en effet venu acter, début avril, la décision d'expulsion voulue par la mairie. Le club, qui compte environ 300 licenciés, avait alors deux semaines pour quitter l'endroit, sous peine de se voir infliger 500 euros d'amende par jour supplémentaire passé sur les lieux.
Vendredi à la nuit tombée, sept tentes avaient été montées, sacs de couchage et matelas avaient été apportés. Depuis ce soir-là, un roulement a été mis en place pour assurer l'occupation du terrain.
"C'est plus qu'important. C'est capital, c'est vital même pour nous", souffle l'un d'entre eux à BFM Paris Île-de-France..
Pour motiver leur actions, l'association défend l'existence de "plusieurs recours au tribunal administratif (...) qui n’ont pas été tranchés (sur le) fond à ce jour", formulés par des élus de Paris dont Pierre-Yves Bournazel (Horizons) et Émile Meunier (Écologistes), le collectif des riverains, le Clap lui-même et l'association "Les Maquisards du Passage Junot-Lepic".
L'hôtel s'est engagé à végétaliser l'espace
Les membres du club sont mobilisés depuis plusieurs mois pour conserver l'usage de leur espace de jeu, propriété municipale, alors que la mairie souhaite les expulser en lien avec un accord conclu pour 12 ans avec l'exploitant de l'Hôtel particulier Montmartre adjacent.
L'hôtel s'est engagé à végétaliser l'espace, à l'ouvrir au grand public et à verser une redevance annuelle de 60.000€ à la mairie.
"L'idée c'est de confronter les enfants aux animaux et à la nature. On va créer une marre, une champignonnière, une zone de compost. Les gens du quartier ont besoin d'avoir accès à cet endroit et je pense que, tous ensemble, dans la bonne entente, on peut construire quelque chose d'intelligent", explique Oscar Comtet, directeur de l'Hôtel Particulier Montmartre
De son côté, la municipalité assure que les boulistes pourraient revenir jouer sur une partie de leur terrain à l'issue de travaux, à condition qu'ils acceptent de le partager.
Le Clap dénonce des "mensonges"
Mais selon la Clap, qui dénonce les "mensonges" de l'opérateur privé et de la mairie, l'Hôtel particulier souhaite au contraire agrandir sa terrasse. Plus généralement, ils craignent de voir disparaître un "lieu de quartier" vecteur selon eux de "mixité sociale", qui plus est avec une décision d'expulsion qui intervient "à trois mois des Jeux olympiques".
"Ça fait quand même 52 ans que le Clap est dans les lieux, que l'on entretient avec amour. Nous, on demande juste à être entendus. On est citoyens de Paris, des citoyens de Montmartre et c'est pour ça qu'il y a rébellion, car ce n'est pas normal ce qui se passe aujourd'hui", regrette Maxime Liogier, responsable de communication, au micro de BFM Paris Île-de-France.
L'association revendique à ce titre la "désobéissance civile" et promet que "les licencié(e)s du club ne se laisseront pas enterrer". Plusieurs recours ont été déposés pour trouver une solution. La ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castera a été sollicitée.