JO 2024: des opposants au projet autoroutier occupent une rue de Saint-Denis

JO 2024 - AFP
De faux arbres à la place des voitures: une cinquantaine de militants écologistes ont brièvement occupé ce vendredi matin une rue de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) pour dénoncer la construction d'un échangeur autoroutier contesté à la porte d'une école, infrastructure qui servira notamment aux Jeux olympiques de Paris-2024.
Vers 07h50, des activistes de la coalition associative "La rue est à nous" ont coupé la circulation sur la portion du boulevard où loge le groupe scolaire Pleyel-Anatole France qui compte près de 700 élèves en école primaire et maternelle.
Arrivés en petits groupes discrets, les militants ont soudain installé de faux arbres en carton, des barrières de jardin, un barnum, un transat, une table et des chaises pour transformer la route en un "square" éphémère.
"L'idée est que les voitures prennent de plus en plus de place sur les enfants et les habitants. Donc on s'est dit: 'pourquoi est-ce que les enfants ne prendraient pas à leur tour la place de l'espace réservé aux voitures'?", a déclaré à l'AFP Vincent Bezaguet, porte-parole de l'organisation Alternatiba Paris.
Présente à proximité, la police a démantelé les installations et rendu la rue à la circulation au bout d'une vingtaine de minutes. "C'est pas mal un peu de verdure ici, même si elle est fausse", a commenté Rosa Poulbot, une riveraine, devant le spectacle des arbres peints en vert et marron.
Un chantier est actuellement en cours au niveau des quartiers Pleyel (A86) et Porte de Paris (A1) pour construire un échangeur autoroutier destiné notamment à fluidifier l'accès au village olympique qui se déploiera en partie à Saint-Denis.
Une fois ce noeud routier achevé, certaines bretelles d'entrée et sortie se trouveront juste à côté de l'école. Selon les opposants au projet, l'échangeur verra passer 20 à 30.000 véhicules par jour et risque de mettre en danger la santé des élèves.
Parents et riverains avaient déposé un recours devant la cour administrative d'appel de Paris, compétente pour les litiges liés aux opérations d'urbanisme des JO, mais ont été déboutés l'année dernière. Ils ont saisi en décembre le Conseil d'État, qui ne s'est pas encore prononcé.
D'autres aménagements liés aux Jeux olympiques font l'objet de contestations locales en Seine-Saint-Denis, comme la construction du village des médias à Dugny ou les travaux sur le terrain de jardins ouvriers à Aubervilliers.
"La circulation va provoquer l'asphyxie pour les habitants"
Le comité citoyen de vigilance des JO-2024 a organisé dans l'après-midi un "toxic tour", une visite guidée sur des sites olympiques de Seine-Saint-Denis, afin de montrer "l'aberration écologique".
Une cinquantaine de personnes ont déambulé dans les rues de Saint-Ouen et Saint-Denis. Ils ont notamment entraperçu le gigantesque chantier du village olympique.
"La Solideo (en charge des ouvrages olympiques) se targue d'une excellence environnementale en utilisant du bois pour les matériaux du village des athlètes mais le cadre de vie est ignoré. La circulation va provoquer l'asphyxie pour les habitants", s'insurge Cécile Gintrac, du comité de vigilance.
Pour le député LFI de Seine-Saint-Denis, Eric Coquerel, présent au "toxic tour", "les JO ne sont pas faits pour les habitants du département. Nous sommes une variable d'ajustement et il est temps de renverser la vapeur", estime le député.