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Intoxication au GHB à Paris: 21 femmes disent avoir été droguées, un appel au boycott des bars lancé

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Le collectif Héroïnes 95 a recensé de nombreuses victimes de la "drogue du violeur" dans les bars du quartier de Pigalle. Il appelle à une meilleure formation du personnel des établissements de nuit.

Sur les réseaux sociaux, les témoignages de femmes victimes à leur insu du GHB affluent depuis quelques semaines. Le mouvement s'est réuni autour du hashtag #Balancetonbar, utilisé pour la première fois en Belgique.

A Paris, et plus précisément dans le quartier de Pigalle, 21 femmes disent avoir été victimes de cette drogue, selon le collectif Héroïnes 95 qui les incite à prendre la parole. Pour faire réagir les gérants des établissements de nuit, le collectif a appelé le week-end dernier au boycott des bars.

"Ça a commencé en Belgique et c'était important de faire écho en solidarité à ce mouvement et d'appeler nous aussi au boycott pour qu'il y ait un mouvement de manifestation contre tous les dysfonctionnements qui permettent ces crimes" a expliqué Eina, membre de Héroïnes 95.

"Avant, je me posais pas du tout la question"

Il y a quelques jours sur BFM Paris, Taeko, l'une des membres du collectif avait raconté la soirée pendant laquelle l'une de ses amies a été droguée au GHB, aussi appelée "drogue du violeur"

"Tout d'un coup elle a eu des grosses bouffées de chaleur, elle a ressenti une envie de vomir instantanée" a-t-elle décrit, ajoutant "elle n'arrivait plus à se tenir sur ses jambes jusqu'à s'écrouler par terre et elle a perdu connaissance".

Une semaine après, le traumatisme était encore présent pour la victime. "Physiquement elle n'a plus aucune séquelle, mais moralement ça laisse des traces. Sortir dans des lieux publics où on ne connait pas tout le monde c'est difficile, mais aussi quand elle est chez elle, elle a des angoisses".

Face à la multiplication des témoignages comme celui-ci, certaines femmes interrogées par BFM Paris partagent leur inquiétude. "Ca donne pas un sentiment de sécurité quand on sort" a déclaré l'une d'entre elles.

"Quand je sortais avant, je me posais pas du tout la question de ce genre de problème, parce que on n'en parlait pas forcément, donc jamais je ne me suis dit 'je peux me faire droguer'" a témoigné une passante.

Samy Berry, gérant du "Lily of Charonne" dans le 11e arrondissement, a assuré n'avoir jamais été confronté à cette drogue dans son bar, mais il reste vigilant.

"On essaie vraiment d'encadrer et d'essayer de comprendre. C'est ce qu'on ferait si on était confronté à une cliente avec un comportement anormal, on lui demanderait si c'est de son fait ou pas".

Le gérant a aussi évoqué des "solutions" pour lutter contre ce problème comme des capuchons de verres, qui peuvent être mis à disposition pour protéger sa boisson. Mais pour le collectif Héroïne 95, cette proposition est insuffisante.

"On est déjà ultra vigilantes, pourquoi encore une fois ce serait aux victimes de se protéger et non pas aux agresseurs d'arrêter d'agresser et aux établissements de sécuriser leurs lieux?" a lancé Taeko, membre du collectif.

Héroïnes 95 a par exemple proposé de former davantage le personnel des établissements de nuit à l'accompagnement des victimes ou encore de créer des espaces sécurisés où celles-ci pourront attendre les secours sans danger.

Emilie Roussey