Île-de-France: le plan "anti-ghetto" de Valérie Pécresse fait débat

Parmi les orientations du plan d'aménagement d'Ile-de-France débattues mercredi au conseil régional, la clause "anti-ghetto" voulue par la présidente de la région Valérie Pécresse, qui doit permettre "d'éviter de créer des zones de paupérisation", cristallise les oppositions.t
Le nouveau schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif), qui doit encadrer jusqu'en 2040 le développement de la région et s'impose aux élus locaux dans leurs plans d'urbanisme, doit être validé une première fois mercredi par l'hémicycle siégeant à Saint-Ouen.
La préfecture de région émet des réserves
Il doit ensuite faire l'objet d'une enquête publique, l'Etat ayant un droit de regard, avant d'être adopté dans sa version définitive courant 2024.
La préfecture de région a déjà émis plusieurs réserves, notamment à l'égard de la clause "anti-ghetto" visant à freiner la production de logements sociaux dans les communes qui en comptent déjà au moins 30%.
L'application de ce principe "conduirait à réduire de 21% la production sociale (de logement) moyenne" par rapport à ces dernières années et la région n'a pas prévu de "disposition forte" dans les communes faiblement dotées pour compenser, déplore la préfecture dans son avis.
"Au-delà de 30%, il n'y a pas de mixité", répond à l'AFP l'entourage de Valérie Pécresse qui veut ainsi éviter "une ghettoïsation des quartiers".
Quant aux communes carencées qui ne respectent pas le minimum de 25% imposé par la loi SRU, "elles ont construit plus de logements sociaux qu'avant", depuis que Mme Pécresse dirige la région, fait valoir son entourage.
L'opposition dénonce une mesure "anti-sociale"
L'opposition communiste, qui dénonce une mesure "anti-sociale, anti-logement social, anti droit au logement pour toutes et tous", affirme qu'elle ira contester cette clause anti-ghetto devant devant la justice.
Hormis ce point, "90% des demandes" de l'Etat sur le logement ont été "intégrées", affirme auprès de l'AFP Jean-Philippe Dugoin-Clément, le vice-président de région en charge du logement et de l'aménagement du territoire.
La construction de nouvelles prisons est un autre sujet de désaccord, la droite poussant à construire quatre nouveaux établissements, soit "l'équivalent de 3.000 places", résume l'entourage de Valérie Pécresse.
Mais en cas d'intégration d'une mesure dérogatoire à l'inconstructibilité en zone agricole, réclamée par l'Etat notamment pour construire ces prisons, "nous sommes bien loin d'une protection efficace des sols", déplore France Nature Environnement (FNE) Ile-de-France.
"L’Etat, mais aussi l’opposition de gauche, a voulu me faire reculer sur ce sujet. Mais j’assume d’avoir inscrit dans notre schéma le plafond "anti-ghetto" qui, pour moi, doit changer le visage de nos villes, a déclaré Valérie Pécresse ce mercredi lors du Conseil régional."
"Et je crois que les émeutes que nous avons connues la semaine dernière nous l’imposent plus que jamais."
"Recréer de la mixité dans nos quartiers"
La présidente de la région Île-de-France s'est adressé à l'opposition: "On ne peut plus rajouter de la misère sur la misère car cela nourrit le repli et la violence. Oui, ne vous en déplaise, cette norme est indispensable pour éradiquer cette concentration de pauvreté indigne et recréer de la mixité dans nos quartiers."
D'après Valérie Pécresse, depuis l'instauration du plafond "anti-ghetto", "la production de logements sociaux et très sociaux a presque diminué de moitié dans les communes qui en avaient plus de 30%".
Et d'ajouter: "Mais contrairement à ce que certains voudraient raconter, la construction de logements très sociaux, elle, n'a pas reculé dans les autres territoires, bien au contraire : la production est en hausse de 30% depuis 2016 sur toute l’Ile de France."