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Paris Île-de-France

Île-de-France: des sans-papiers manifestent devant les préfectures pour dénoncer un "silence radio"

Manifestation devant la préfecture à Bobigny le 9 octobre 2019 pour protester contre les difficultés d'obtenir un rendez-vous en ligne pour les migrants.

Manifestation devant la préfecture à Bobigny le 9 octobre 2019 pour protester contre les difficultés d'obtenir un rendez-vous en ligne pour les migrants. - JACQUES DEMARTHON © 2019 AFP

Plusieurs centaines de travailleurs et leurs soutiens se sont rassemblés ce mercredi pour dénoncer leur inaccessibilité aux services de l'État, laquelle les maintient dans la précarité.

Plusieurs centaines de travailleurs étrangers et leurs soutiens se sont rassemblés ce mercredi devant des préfectures d'Île-de-France, dont ils ont dénoncé l'inaccessibilité qui les maintient dans la précarité, au moment où le gouvernement a présenté son projet de loi controversé sur l'immigration.

"L'urgence en matière d'immigration ce n'est pas une nouvelle loi qui assimile étrangers et délinquants. C'est le respect des droits et de la dignité des personnes vivant et travaillant en France", explique le collectif "bouge ta pref", à l'origine de l'appel à manifester ce mercredi après-midi, quelques heures après la présentation en Conseil des ministres du texte, dont le volet intégration prévoit la création d'un titre de séjour pour les travailleurs dans les "métiers en tension".

Environ 150 manifestants se sont réunis à Bobigny, au pied de la préfecture de Seine-Saint-Denis. Ahamada Siby s'y est rendu pour dénoncer "un silence radio". Celui qui travaille en cuisine estime que les portes closes de la préfecture, compliquant considérablement les démarches des étrangers, reflètent "l'hypocrisie de l'État".

Pertes de droits

Ils engendrent des pertes de droits, par exemple lorsqu'il est impossible de renouveler un titre de séjour, une "fabrique de sans-papiers" artificielle, dénoncent les organisateurs des rassemblements.

Une situation qui a généré d'innombrables recours en justice depuis que l'administration a fait basculer ces démarches vers le tout numérique.

En juin dernier, le Conseil d'État a exigé du gouvernement qu'il prévoie une solution de "substitution", retoquant les textes qui imposaient un recours exclusif au télé-service.

"On veut bien travailler, on n'est pas là pour profiter", mais "il n'y a pas de rendez-vous" pour régulariser sa situation, abonde Fatima Ouaked, une Algérienne de 35 ans sans réponse de sa préfecture depuis quatre mois.

"Réforme profonde"

Le gouvernement travaille à une "réforme profonde de l'accueil en préfecture, afin de simplifier drastiquement l'accès des étrangers" à ces administrations, a expliqué ce mercredi le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, à l'issue de la présentation de son projet de loi.

Les étrangers "attendent parfois trop longtemps", a-t-il reconnu, plaidant pour un "renouvellement automatique (des) titres de séjour sans passer par les préfectures" pour les personnes qui "ne posent aucun problème d'ordre public", afin que l'administration se concentre sur "l'accueil des primo-arrivants".

Devant la préfecture du Val-de-Marne, à Créteil, Mallé Doucouré ne demande pas mieux: "On a tout fait pour avoir des rendez-vous (...). On a des fiches de paie comme tous les salariés, le dossier est prêt, mais on n'a aucune réponse", explique cet employé de Chronopost à Alfortville.

F.B. avec AFP