Île-de-France: 80% des Franciliens sont fortement exposés à une pollution sonore et atmosphérique

Il faut zoomer sur la carte de la capitale pour apercevoir de toutes petites tâches bleu clair. Une cartographie publiée ce mardi 28 mai, combinant la pollution de l'air et la pollution sonore en Île-de-France, révèle que 9,7 millions de Franciliens, soit 80% de la population de la région, sont concernés par cette double exposition "à des niveaux qui excèdent fortement les recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé" (OMS).
Réalisée par Airparif, association en charge de la surveillance de la qualité de l'air en Île-de-France, et Bruitparif, l'observatoire du bruit dans la région, cette cartographie identifie les zones qui sont plus ou moins exposées aux deux types de pollutions.
"487 communes (38 % des communes d’Île-de-France) ont sur leur territoire plus de la moitié de leur population exposée simultanément à une qualité de l'air dégradée et à des niveaux importants de bruit", écrivent les observatoires dans un communiqué.
Un environnement "très dégradé" à Paris
Ces communes sont principalement situées dans "le cœur dense de l'agglomération parisienne". Paris connaît ainsi de nombreuses zones avec une qualité de l'air et un environnement sonore "très dégradés", comme le boulevard périphérique, la place de la Concorde, les boulevards principaux ou encore la place Charles-de-Gaulle.
À l'inverse, les zones épargnées par les deux pollutions sont rares et peu visibles en regardant la cartographie dans son intégralité. Les grands espaces verts, comme les bois de Boulogne et de Vincennes, ne sont pas non plus épargnés, même si la situation y est "légèrement meilleure".

En dehors de Paris, ce sont surtout les collectivités de la petite couronne qui sont concernées par ce haut niveau de coexposition. Airparif et Bruitparif soulignent notamment la coexposition "particulièrement forte" que connaissent les communes situées à proximité des aéroports et des grands axes routiers.
La "quasi-totalité" des habitants de 316 collectivités est par ailleurs "relativement épargnée", avec des concentrations de polluants de l’air et des niveaux de bruits proches des seuils recommandés par l’OMS.
"Il s’agit pour la plupart de communes situées au sein des départements de la grande couronne et qui ne sont pas concernées par des survols d’aéronefs à moins de 2.000 mètres d’altitude", précise le communiqué.

Maladies cardiovasculaires, diabète et morts prématurées
Pour Airparif et Bruitparif, surveiller la coexposition air-bruit doit permettre d'élaborer de nouveaux plans d'urbanisme des collectivités et d'évaluer l'efficacité de certaines politiques publiques.
"La coexposition air-bruit est un enjeu important pour les autorités locales qui cherchent à améliorer la santé et la qualité de vie de leurs résidents", avancent les observatoires.
Ces deux pollutions ont en effet des conséquences directes sur la santé des habitants. La pollution sonore peut entraîner des perturbations du sommeil, augmenter le risque de développer des maladies cardiovasculaires ou du diabète et gêner l'apprentissage.
De plus, ces pollutions sont "responsables d’un coût social de 43 milliards d’euros" dans la la région, selon une étude de Bruitparif publiée en 2021.
Quant à la pollution de l'air, elle favorise aussi les maladies cardiovasculaires, les maladies respiratoires ou encore le diabète et est responsable de 7.900 morts prématurées par an, selon les chiffres d'Airparif publiés en 2022.