Ian Brossat interpelle Bruno Retailleau après une prière de rue pour "réparer le blasphème" de la cérémonie d'ouverture des JO

Le porte-parole du PCF, Ian Brossat, le 17 juin 2024 à Montreuil - Ludovic MARIN / AFP
L'image a été largement relayée sur les réseaux sociaux. Près de 250 personnes se sont réunies lundi 7 octobre à Paris pour une prière de rue censée "réparer le blasphème" commis lors de la cérémonie d'ouverture des JO en juillet dernier. Une initiative dénoncée par les sénateurs de Paris et des Hauts-de-Seine (PCF), Ian Brossat et Pierre Ouzoulias. Les deux élus ont envoyé ce jeudi 10 octobre un courrier au ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau,
La prière a eu lieu sur la passerelle Debilly, dans le 7e arrondissement de Paris. C'est sur ce pont traversant la Seine, que s'était déroulé l'une des séquences marquantes de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, le 26 juillet dernier.
Lors du tableau intitulé "Festivité", l'image d'un groupe attablé, dont plusieurs drags queens célèbres (Nicky Doll, Paloma ou encore Piche) avait été interprétée comme une parodie moqueuse du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, popularisée par l'œuvre de Léonard de Vinci.
Le directeur artistique de la cérémonie d'ouverture, Thomas Jolly, avait quant à lui démenti s'être inspiré de cette œuvre. Pour lui, il s'agissait "plutôt de faire une grande fête païenne reliée aux dieux de l'Olympe". Nu et peint en bleu, le chanteur Phillipe Katerine participait également à ce tableau, représentant Dionysos.
"Pas un fait isolé"
Photo à l'appui, le site d'extrême droite "Le Salon Beige" - qui se décrit comme "un blog quotidien d'actualité par des laïcs catholiques" - relatait en début de semaine que quelque 250 personnes s'étaient massés sur les lieux pour "réparer les blasphèmes" de la cérémonie.
"Cette prière de rue n'est malheureusement pas un fait isolé. Elles se multiplient depuis des mois, comme lors de la journée du 30 juillet, au cours de laquelle une centaine de personnes s'est réunie au même endroit, pour les mêmes motifs", écrivent ainsi les deux sénateurs à Bruno Retailleau.
"Ces pratiques fondamentalistes nous interrogent, au sens où elles s'attaquent au fondement de nos principes républicains. (...) En tant que ministre de l'Intérieur en charge des cultes, nous vous interrogeons pour connaître vos intentions et vos solutions pour mettre un terme à ces actes délictueux", ajoutent-ils.
En France, les prières de rue ne sont pas interdites, à une condition: ne pas troubler l'ordre public, comme il est écrit dans l'article 10 de la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, citée en préambule de notre actuelle Constitution.
La liberté d'expression en question ?
Ian Brossat et Pierre Ouzoulias rappellent néanmoins que le délit de blasphème, que le Larousse définit comme "une parole ou un discours qui outrage la divinité, la religion ou ce qui est considéré comme respectable ou sacré", n'existe plus depuis la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse.
"Depuis lors, chaque citoyenne et citoyen a la possibilité d'exprimer une opinion critique à propos d'une religion, à condition de ne pas porter outrage à l'encontre des adeptes de cette croyance. La consécration de cette liberté d'expression est un trait constitutif de notre identité républicaine", assurent-ils au locataire de Beauvau.
"Nous vous demandons également si votre gouvernement entend mettre en œuvre un plan d'action pour renforcer la liberté d'expression dans notre République", terminent-ils en s'adressant au ministre.