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"L'établissement savait": après sa plainte pour "viol", une ancienne élève blâme l'institut Saint-Dominique de Neuilly

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Julia, ancienne élève dans les années 90 de l'Institution Saint-Dominique de Neuilly-sur-Seine, a déposé plainte pour "viol" contre un professeur. Elle accuse l'établissement privé d'avoir fermé les yeux sur des situations abusives.

Des dizaines de témoignages d'anciens élèves de l'Institution catholique Saint-Dominique à Neuilly-sur-Seine, s'accumulent ces dernières semaines. Ce mercredi 9 avril, Julia*, 41 ans, qui accuse de viol un ancien professeur de français également responsable disciplinaire de l'Institution, dénonce auprès de BFMTV le climat qui régnait à la fin des années 90 dans l'établissement d'enseignement privé.

"L'établissement savait que certains profs sortaient avec des jeunes filles. Tant qu'il n'y avait pas trop de bruit et que les filles ne tombaient pas enceinte, ça leur allait", nous explique-t-elle.

"Tombée dans le piège"

Alors âgée de 16 ans, la femme regrette d'être "tombée dans le piège" tendu par Olivier B. L'homme qui a alors le double de son âge l'avait invitée après son bac de français à boire un verre avec une amie chez lui. L'enseignant se retrouve plus tard seul avec Julia dans son lit, "je ne sais pas trop comment, sur le moment j'étais dans une sorte de sidération".

Avec le recul, elle estime qu'elle "[était] sous son emprise et ça a été un moment très dur pour moi à gérer".

Le 31 mars dernier, elle s'est décidée à pousser la porte d'un commissariat. "J'ai déposé plainte pour 'viol' parce que c'est ce que ça a été. Il n'y avait pas de consentement, j'avais 16 ans, cette personne a abusé de moi et je ne souhaite plus qu'elle soit en contact avec des jeunes, des adolescents, c'est quelqu'un qui n'a rien à faire dans l'enseignement".

Suspension de l'auteur présumé du viol

Olivier B. a poursuivi sa carrière dans les institutions privées de l'ouest parisien jusqu'à devenir chef d'établissement. Avant d'être mis "en retrait conservatoire" provisoirement ce lundi 7 avril par la direction diocésaine des Yvelines. Il dirigeait à la fois l'institut Notre-Dame à Saint-Germain-en-Laye et le lycée Jean-Paul II à Sartrouville.

Cette décision a été prise en accord avec le recteur d'académie de Versailles qui réclamait de "protéger les élèves et l'ensemble de la communauté éducative". Elle a été communiquée aux parents d'élèves dans un courrier de l'enseignement catholique des Yvelines que BFMTV s'est procuré. Cette lettre précise que "la plainte est relative à des faits anciens et sans relation avec les fonctions qu'il occupe actuellement". Olivier B. reste présumé innocent.

Par ailleurs, le rectorat de l'académie de Versailles a réalisé une inspection surprise il y a deux semaines dans l'établissement de Neuilly.

Des violences rappelant l'affaire Bétharram

La plainte de Julia est l'une des cinq qu'a pu recenser le collectif d'anciens élèves de l'établissement récemment créé par Constance Bertrand, porte-parole des victimes, elle-même à l'origine d'une plainte pour harcèlement sexuel contre un surveillant.

Ellle explique avoir reçu près d'une soixantaine de témoignages accablants. Outre les accusations d'agressions sexuelles, des victimes décrivent des actes de violences et de cruauté qui rappellent ceux révélés depuis le début de l'année par les anciens élèves de Notre-Dame de Bétharram, cet établissement scolaire privé sous contrat du Béarn.

"On a des élèves qui expliquent qu'en CM1, ils ont été maltraités par une maîtresse décrite comme sadique, des coups de poing sur la tête, elle arrache l'oreille d'une petite fille, elle traîne par les cheveux dans la salle un élève", décrit-t-elle.

"Une jeune fille dit se souvenir du maître de CM2, des caresses sous les jupes derrière son bureau. Une jeune femme qui me raconte que cette enseignante de CP lui coupe ses serres-têtes, la tape régulièrement, la force à monter sur l'estrade et à dire à tout la classe qu'elle est bête", ajoute la porte-parole.

"On a tous les jours des nouveaux témoignages, plus bouleversants les uns que les autres à la fois sur les mêmes personnes dont j'ai parlées puis sur des nouvelles".

Selon nos informations, d'autres plaintes devraient être déposées dans les prochaines semaines. Il est possible de déposer des témoignages en écrivant au mail suivant: temoignagessaintdo@gmail.com.

Rebecca Blanc-Lelouch avec Florent Bascoul