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Famille tuée à Meaux: le profil psychologique du père désormais au cœur de l'enquête

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Suivi pour des troubles dépressifs et psychotiques, l'homme suspecté d'avoir tué sa femme et ses quatre enfants, est décrit par des voisins comme "fragile psychologiquement".

L'horreur à Meaux (Seine-et-Marne). Une mère et ses quatre enfants ont été retrouvés mort ce lundi 25 décembre dans leur appartement. Le père a été interpellé ce mardi matin avant d''être hospitalisé sous le régime de la garde à vue dans un établissement de Seine-Saint-Denis. Depuis 2017, cet homme était suivi pour des troubles dépressifs et psychotiques.

Les perquisitions effectuées dans son appartement ont permis de retrouver "des documents administratifs pouvant évoquer un internement de nature psychiatrique en 2017" et "des ordonnances de prescription de tranquillisants", a rapporté le procureur de la République de Meaux ce mardi lors d'une conférence de presse.

L'intéressé, né en 1990 à Colombes dans les Hauts-de-Seine, souffre notamment de dysthymie, un trouble persistant de l'humeur, considéré comme une "dépression mineure chronique", selon Psycom. "Les personnes (atteintes) sont la plupart du temps tristes, moroses, manquent d’enthousiasme et d’énergie, se sentent au bout du rouleau et ont peu d’espoir d’amélioration", explique cet organisme public d'information sur la santé mentale.

Un coup de couteau en 2019

Il aurait fait plusieurs tentatives de suicide, en 2017 et en 2019. Cette année-là, il a également blessé au couteau sa compagne, alors enceinte de 8 mois.

À l'époque, lors de son audition, la victime avait expliqué que son conjoint "n'était pas bien depuis huit jours", relate le procureur Jean-Baptiste Bladier. Elle avait alors été victime d'un coup de couteau dans l'omoplate gauche occasionnant cinq jours d'incapacité totale de travail (ITT).

La mère, qui n'a pas voulu porter plainte, "évoquait un état dépressif ancien chez son conjoint qui, selon elle, avait interrompu son traitement il y a quelque temps", ajoute le procureur.

L'homme avait tout de même été placé en garde à vue avant d'être déclaré déficient mental par les experts: il n'avait donc pas été reconnu coupable, étant considéré comme irresponsable de ses actes. La procédure avait été classée sans suite, aucune peine n'avait été prononcée, aucune mesure de sûreté, ni obligation de soins.

Il avait toutefois été hospitalisé en psychiatrie pendant deux mois. À sa sortie, il expliquait les faits "par ses idées noires et l'envie qui avait été la sienne de se faire du mal", à lui, et non pas à son épouse, précise le procureur.

"Fragile psychologiquement"

"La dépression à elle seule ne favorise pas une telle violence et un tel acharnement contre sa femme et ses enfants", commente Laure Westphal, psychologue clinicienne au GHU Paris psychiatrie et neurosciences au micro de BFMTV. "Là, c’est clairement une décompensation psychotique dont il s'agit."

Elle explique que quelqu'un de psychotique peut "fabriquer des angoisses massives extrêmement importantes (...) si massives que la personne peut halluciner, développer un délire et se sentir persécuté".

Plusieurs voisins ont également décrit, auprès de BFMTV, un homme "fragile psychologiquement".

"On sentait qu'il n'était pas bien dans sa peau", ajoute une voisine.

Y a-t-il eu abolition du discernement?

Le procureur de Meaux a annoncé l'ouverture d'une information judiciaire pour homicides volontaires sur mineurs et homicide volontaire par conjoint. Deux crimes passibles de la réclusion criminelle à perpétuité.

Toutefois, si une altération du discernement au moment des faits est prononcée, la peine maximale encourue serait alors de 30 ans de prison. En cas d'abolition complète du discernement, "une mesure de sûreté" pourrait malgré tout être prononcée à son encontre, a précisé le procureur.

Juliette Brossault