Explosion à Paris: un drame qui ravive le souvenir de la rue de Trévise

Au moins 29 personnes ont été blessées, dont quatre grièvement, ce mercredi après-midi dans l'explosion de la rue Saint-Jacques, dans le 5e arrondissement de Paris. À 16h55, une puissante "déflagration", d'après les dires des témoins, a fait s'effondrer un immeuble et a déclenché un incendie.
Sous les décombres de l'immeuble touché, dans lequel est installée une école de mode privée, près de l'église Notre-Dame du Val-de-Grâce, deux personnes sont recherchées, a appris BFMTV de source proche de l'enquête.
Le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une enquête pour "blessures involontaires entraînant plus de trois mois d'incapacité de travail par violation d'une obligation de prudence ou de sécurité". Si les causes de l'explosion sont pour l'heure inconnues, de nombreux témoins ont évoqué une "odeur de gaz" avant l'explosion.
Des centaines de personnes touchées par le drame de la rue Trévise
La déflagration du 5e arrondissement a fait ressurgir le souvenir d'une précédente explosion dramatique dans la capitale, le 12 janvier 2019. Ce jour-là, une forte explosion provoquée par une fuite de gaz souffle la rue de Trévise, une artère du 9e arrondissement de Paris, tuant quatre personnes dont deux pompiers, en blessant 66 autres et laissant quelque 400 sinistrés.
Dans un premier rapport, remis en décembre 2019, quatre experts mandatés pour déterminer les causes du sinistre concluent qu'un affaissement du sol, sous le trottoir, devant le porche de l'immeuble situé 6 rue de Trévise, a provoqué la rupture d'une canalisation de gaz. De quoi entraîner une accumulation de gaz naturel à l'origine de l'explosion. Ils relèvent des "manquements" du service de voirie de la ville de Paris, notamment dans la réfection du trottoir, sans incriminer le distributeur de gaz GRDF.
Dans leur rapport définitif rendu en mai 2020, ils pointent de nouveau un "défaut de vigilance" de la ville et mettent en cause le syndic de copropriété de l'immeuble, qui aurait tardé à réparer la fuite d'un collecteur d'eaux usées, qui aurait eu une incidence sur l'affaissement du sol.
Peu après, la mairie de Paris et le syndic de copropriété sont mis en examen pour homicides et blessures involontaires et destruction, dégradation ou détérioration par l'effet d'une explosion ou d'un incendie.
Des habitants sinistrés
Mais fin mars 2022, l'enquête est relancée: la mairie de Paris obtient une contre-expertise, la chambre de l'instruction de la cour d'appel décidant de recourir à un collège d'experts plus spécialisés. Ces experts doivent remettre leur rapport le 30 juin prochain.
Parallèlement à cette bataille judiciaire, les victimes mènent depuis quatre ans une autre bataille avec les assurances pour obtenir leur indemnisation.
Le 17 janvier 2022, la maire socialiste Anne Hidalgo, accusée par les victimes de se désintéresser de leur sort et de faire traîner le dossier, a fait adopter à l'unanimité de ses élus un accord-cadre permettant cette indemnisation avant l'issue judiciaire. La mairie abonde le fonds de 20 millions d'euros, les apports des autres parties prenantes restant secrets.
Mais les dossiers n'avancent "pas beaucoup pour l'instant", déplore Dominique Paris, présidente de l'association Trévise Ensemble, l'une des deux associations de victimes, contactée ce mercredi soir par l'AFP. "Le gestionnaire et les assureurs font tellement tout pour ne pas payer que fin mai 2023, pas même un million d'euros a été versé", affirme cette résidente sinistrée. Les résidents des trois immeubles, eux, attendent toujours de pouvoir regagner eur logement.