"Il a abusé de ma faiblesse": les patientes d'un kiné accusé de viols témoignent lors du procès

Plusieurs patientes accusent leur kiné de les avoir agressées sexuellement ou violées (ILLUSTRATION) - DAMIEN MEYER / AFP
"Je n'ai pas compris: je viens pour la cuisse, et il me masse mon sexe." Plusieurs patientes qui accusent leur kiné de les avoir agressées sexuellement ou violées ont expliqué que le soignant avait trahi leur "confiance", au deuxième jour de son procès, ce mercredi 24 septembre, aux assises de l'Essonne.
Les auditions des patientes se succèdent et se ressemblent: professeure, psychologue, ancienne serveuse, ces femmes parlent de la "confiance" placée dans le soignant, l'incompréhension face aux gestes sans lien direct avec leurs douleurs, la "tétanie", puis la difficulté à se vivre comme "victime".
Des actes sans lien avec la douleur
Christine (prénom d'emprunt), une petite femme châtain, âgée aujourd'hui de 48 ans, est très gênée lorsqu'elle décrit l'agression sexuelle dont elle accuse le kinésithérapeute de 56 ans. "J'avais mal à la cuisse à la base, donc je n'ai pas trop compris pourquoi ses massages étaient dirigés dans la zone de mon vagin, très, très... près", sur les "lèvres du sexe", souffle-t-elle.
Elle se dit qu'elle se fait des idées, que le soignant "est reconnu", recommandé par une de ses amies. Mais lors d'une deuxième séance, "il était excité et ça se voyait", dit-elle, acquiesçant aux questions du président qui l'interrogeait sur la "respiration très forte" mentionnée par de nombreuses autres patientes.
Certaines des femmes qui ont témoigné à la barre ce mercredi ont vu les faits qu'elles reprochaient à Valéry G. prescrits, ou n'ont pas souhaité porter plainte. Delphine (prénom d'emprunt), psychologue ergonome de 54 ans qui s'est constituée partie civile, raconte sa cruralgie, la "douleur la plus vive" ressentie de sa vie.
Malgré les séances de rééducation, la souffrance persiste. "Vous savez ce qu'il reste à faire ?" demande-t-il selon elle, "oui, (intervenir sur) le coccyx", croit-elle. Aucune mention du coccyx sur ses radios pourtant, selon les éléments du dossier. "Il m'a enfoncé le doigt gentiment, mais il a enfoncé", décrit-elle, se souvenant d'un "sourire lubrique".
Or pour pratiquer cet acte, un kiné doit recevoir une ordonnance mentionnant un besoin de rééducation uro-gynécologique, ce qui n'est pas le cas de celle de Delphine. "Quand il a vu (...) que la douleur était trop intense, il a abusé de ma faiblesse", se désole-t-elle, se sentant "trahie".
Sa nièce le décrit comme "un prédateur"
Seul un témoignage détonne parmi les invariables descriptions des patientes. Celui de sa nièce, 16 ans et très fragile à l'époque du viol qu'elle dénonce lors d'un massage, pendant des vacances en 2007 en Savoie.
Extrêmement émue, très mince et vêtue d'une longue robe noire, cette femme de 35 ans aujourd'hui s'interrompt parfois pour pleurer. "Il ne m'a jamais demandé pour aller plus bas (vers son sexe, NDLR), il ne m'a jamais demandé pour enlever mon pantalon, il ne m'a pas demandé quoi que ce soit", énumère-t-elle.
Elle explique qu'il a pénétré digitalement son vagin, acte interrompu par un appel de sa femme pour qu'il vienne se coucher.
"Je n'aurais jamais imaginé que derrière une personne aussi gentille, bienveillante, dans le service à la personne, se cachait un prédateur", conclut-elle.
Un mois après les faits dénoncés, elle a tenté de mettre fin à ses jours. Sa déposition finie, elle s'est effondrée en larmes hors de la salle d'audience.
Valéry G. estime qu'elle était consentante et a parlé d'un "jeu érotique adolescent" lors de l'instruction. Il était alors âgé de 38 ans. Quant à ses patientes, il "conteste" certains faits. Pour d'autres, il évoque des gestes thérapeutiques associés à un "manque de clarté".