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Escabeau, lumière rouge... Le maire de L'Haÿ-les-Roses raconte la fuite de sa famille attaquée par les émeutiers

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Les enfants et la conjointe de Vincent Jeanbrun ont été visés par une attaque à la voiture-bélier dans la nuit de samedi à dimanche, en marge des émeutes intervenues après la mort de Nahel.

Un récit empreint d'émotion. Vincent Jeanbrun, maire Les Républicains (LR) de la ville de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne), revient au micro de BFMTV-RMC sur l'attaque à la voiture-bélier qui a visé son domicile dans la nuit de samedi à dimanche, en marge des émeutes qui interviennent depuis plusieurs jours en France, après la mort du jeune Nahel, tué par un tir policier à Nanterre.

La voiture, "visiblement volée", a "défoncé le portail, ce qui provoque un bruit qui réveill[e] ma femme et mes enfants", retrace l'édile. Ensuite, "le véhicule est arrêté par une grande descente d'escaliers en pierre qui est juste devant la maison, ce qui oblige ces assassins à sortir."

"Ce n'est pas que la maison qu'ils ont attaquée"

Ces derniers mettent ensuite le feu à la voiture avec "un accélérateur" et poursuivent leur entreprise. "Ce qui est presque le plus choquant, c'est que ce n'est pas que la maison qu'ils ont attaquée", témoigne Vincent Jeanbrun.

"À partir du moment où la lumière s'allume à l'intérieur, ils continuent à essayer de ramener le feu, en prenant les conteneurs de poubelle."

Des "tirs de mortiers" sont également déclenchés. Au sein du domicile, Mélanie Nowak, par ailleurs conseillère départementale du Val-de-Marne, habille ses enfants - un garçon et une fille âgés respectivement de 7 et 5 ans - et cherche à prendre la fuite avec eux.

"Elle est pieds nus, ils courent dans le jardin", décrit son conjoint, qui se trouvait à ce moment-là avec ses équipes à la mairie.

La famille est dans "le noir total" et voit une "espèce de lumière rouge immense", provoquée par des "fusées de détresse" dont étaient munis les agresseurs. Sur BFMTV-RMC, Vincent Jeanbrun marque une pause dans son récit, comme si l'anecdote qu'il s'apprête à raconter le surprenait encore.

Face-à-Face : Vincent Jeanbrun - 03/07
Face-à-Face : Vincent Jeanbrun - 03/07
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"Ma femme avait eu l'idée de dire: 'si jamais il faut qu'on s'enfuie, on met un escabeau au fond du jardin le long du mur des voisins'", explique l'élu. Au début il avait trouvé le projet quelque peu "excessif".

"Elle a eu tellement raison", se dit-il aujourd'hui, saluant au passage son "courage" et sa "bravoure".

"On entend hurler de tous les côtés"

Mais la fuite ne s'est pas déroulée sans conséquence. Une fois passés de l'autre côté du mur, "les enfants crient dans la panique". Mélanie Nowak "se précipite encore plus" et chute. "Elle s'est brisé le genou", indique Vincent Jeanbrun, précisant que son opération, ce dimanche, "s'est bien passée". Autour de la famille, l'ambiance est toujours mortifère: "ça continue à canarder, il y a des cris de partout, les voisins se réveillent, on entend hurler de tous les côtés."

Évidemment, l'épisode est encore dans toutes les têtes. Les enfants du couple d'élus posent des questions du type "est-ce qu'ils vont revenir? Est-ce qu'on va habiter encore à la maison? Pourquoi ils nous en voulaient à nous?" Et le maire de L'Haÿ-les-Roses de faire part de sa culpabilité, lui qui ne "peut [s'] empêcher" de penser que "les prises de position" et la "fonction" qu'il occupe, sont autant de raisons à l'attaque.

“Vous imaginez bien qu’on est tous très affectés quand même”, lâche-t-il, les larmes aux yeux, la voix tremblotante.

Après l'événement, l'édile a reçu la Première ministre Élisabeth Borne qui l'a assuré de son soutien, tout en prononçant un discours de fermeté, symbolisé en cette phrase: "Nous ne laisserons rien passer". Une enquête a également été ouverte pour tentative d'assassinat par le parquet de Créteil.

Baptiste Farge