"De très funestes souvenirs": Suzanne Goldberger, survivante de la Shoah, réagit aux tags d'étoiles de David en Île-de-France

Suzanne Goldberger pointe surtout du doigt la passivité des Français face à la multiplication du nombre d'actes antisémites en France.

Depuis près d'un mois, les actes antisémites se multiplient en France. Le ministère de l'Intérieur en a recensé 819 dans l'Hexagone depuis le 7 octobre. En Île-de-France, des dizaines de tags d'étoiles de David bleues ont fait leur apparition sur les murs de Paris, Saint-Ouen, Aubervilliers ou encore Saint-Denis depuis le week-end du 28 et 29 octobre.

La classe politique a unanimement dénoncé ces inscriptions comme antisémites, voire un retour dans les années 1930. Un constat partagé par Suzanne Goldberger, survivante de la Shoah et guide-conférencière au mémorial Yad Vashem de Jérusalem.

"Je réagis comme une enfant cachée d'il y a plus de 80 ans et bien sûr, ça me rappelle de très funestes souvenirs", confie-t-elle sur BFMTV ce mardi 31 octobre.

"Ce que je dois constater c'est que malgré tous les témoignages que j'ai pu faire depuis des années, les mentalités dans certaines couches de la population ne se modifient pas, au contraire", continue la survivante de la Shoah.

"Une grande passivité"

Pour Suzanne Goldberger, certains des auteurs de ces actes sont "parfaitement ignorants". "Ne croyez pas qu'ils connaissent l'histoire de la Shoah ou qu'ils connaissent l'impact ou la signification particulière de ces tags antisémites", prévient-elle sur BFMTV.

"Le problème c'est que l'on se heurte à une masse de personnes parfaitement ignorantes et parfaitement manipulées, une grande partie par les mouvements islamistes rigoristes de tous pôles", juge-t-elle.

Elle souligne également la "faible réaction" des Français face à ce type d'actes, Suzanne Goldberger rappellant notamment l'assassinat de Sarah Halimi.

En 2017, cette femme juive a été assassinée, un acte qui sera prouvé comme antisémite par la justice française, confirmé en 2021 par la cour de Cassation. "Qui a réagi? La population juive. Qui est resté indifférent et passif? Les non-juifs. À partir de là, il ne faut s'étonner de rien", estime Suzanne Goldberger.

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"On a toutes les prémices devant nos yeux", prévient-elle. "Je reviens à la Shoah: bien sûr les nazis étaient les grands coupables, mais la grande culpabilité ce sont les témoins silencieux. Il se passe la même chose maintenant. On a des actes antisémites tous azimuts,mais une grande passivité de la population", estime-t-elle.

Après la découvertes des tags en Île-de-France, plusieurs enquêtes ont été ouvertes. Concernant les tags parisiens, une enquête a été ouverte par le parquet de Paris pour dégradation du bien d’autrui aggravée par la circonstance de l’origine, la race, l’ethnie ou la religion. Plusieurs maires d'arrondissements ont également annoncé le dépôt de plaintes.

Juliette Moreau Alvarez