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Covid-19: pourquoi la Seine-Saint-Denis est à la traîne sur la vaccination

Département le plus pauvre de France, la Seine-Saint-Denis affiche une couverture vaccinale plus faible que la moyenne à l'échelle nationale, six mois après le lancement de la campagne.

La vaccination progresse à grande vitesse désormais en France. Avec l'ouverture de la vaccination à toutes les personnes de 18 ans ou plus depuis le 31 mai, deux semaines avant la date initialement prévue, l'objectif des 30 millions de primo-vaccinés pourrait être atteint dès le 10 juin.

Mais si ce coup d'accélérateur se ressent au niveau national, il cache aussi de réelles disparatés entre certains territoires. C'est notamment le cas pour la Seine-Saint-Denis où seulement 22,7% des résidents ont reçu une première injection, contre 34,3% à l'échelle nationale.

Moins de médecins

Pour expliquer cet écart conséquent de onze points, Katy Bontinck, première adjointe à la mairie de Saint-Denis pointe du doigt la pénurie de médecins généralistes sur le territoire.

"Le fait de pouvoir accéder à une information fiable pour démentir ce que les gens ont pu entendre sur les réseaux sociaux ou en discutant, c'est plus difficile à faire ici, assure cette élue. L'accès au médecin traitant est plus difficile en Seine-Saint-Denis, beaucoup de personnes n'ont pas de médecins".

Les raisons de cette inégalité sont aussi à chercher du côté de la démographie du département, selon Frédéric Adnet, chef du service d'urgence SAMU-SMUR l'hôpital Avicenne de Bobigny. "C'est un département extrêmement jeune, ce ne sont pas les plus prioritaires pour se faire vacciner", rappelle le médecin.

Une population précaire

Par ailleurs, il met en avant la précarité de la population du département. "Il y a un niveau socio-économique qui rend plus difficile l'accès au soin", explique Frédéric Adnet. Et d'insister sur "les problèmes de langue" et le "manque de compréhension" pour s'inscrire sur les plateformes pour une large part de la population immigrée.

Un constat partagé par Gilles Lazimi, médecin généraliste à Romainville. "Quand on est en situation de pauvreté, de précarité, on fait passer les éléments importants de la vie avant la santé malheureusement", affirme-t-il sur BFM Paris.

"Notre département est un département où il faudrait mettre le paquet, où on a peut-être pas aidé au maximum ces personnes à comprendre la nécessité de se faire vacciner", complète-t-il.

Pour ce médecin, il faudrait pouvoir faciliter la vaccination en permettant de la réaliser au domicile des patients. Il appelle également à accélérer la distribution du vaccin Moderna dans les pharmacies et les médecins pour être au plus près de la population.

Benjamin Rieth Journaliste BFM Régions