Comment s'organise la "dépollution" de la Seine, à un an des Jeux olympiques?

François-Marie Didier tient à le rappeler: le Service public de l'assainissement francilien (SIAAP) n'a pas vocation à "nettoyer" la Seine et la Marne, mais à les "dépolluer".
Voilà respectivement cent et cinquante ans que le fleuve et son affluent sont interdits à la baignade en raison de leur état sanitaire. Le SIAAP a pour mission de changer cet état de fait afin de pouvoir y organiser les épreuves de nage en eau libre des Jeux olympiques 2024 et d'y permettre la baignade à l'horizon 2025.
Trois secteurs ont déjà été identifiés à Paris: en face de l'île Saint-Louis, au niveau du Bras Marie (4e arrondissement), entre le port de Grenelle et les rives de l'île aux Cygnes (15e) et en face de la Bibliothèque nationale de France, à Bercy (12e).
"Supprimer ces déversements"
Pour mener à bien ce projet, une enveloppe d'environ 1,5 milliard d'euros a été débloquée. Le premier axe des travaux conduits par François-Marie Didier et ses équipes touche à la gestion des eaux pluviales.
Le SIAAP œuvre actuellement à l'édification de bassins de stockage permettant de mieux faire face aux pluies abondantes. Celui d'Austerlitz, par exemple, devra permettre dès l'an prochain de collecter quelque 50.000 m3 d'eau, soit "20 piscines olympiques", selon les estimations de la mairie de Paris.
Les litres collectés dans ces bassins seront ensuite acheminés vers le réseau d'assainissement. Dans cette optique, un tunnelier a entamé début juin le forage d'un canal de 30 mètres sous terre.
"Ce projet du VL8 doit permettre de supprimer ces déversements en Seine et de transporter les effluents entre Athis-Mons et Valenton", soit de l'Essonne au Val-de-Marne, sur un total de 9 km, décrypte Benjamin Laloua, son directeur. La fin des travaux est fixée au printemps 2024.

Division par 1000
La commune de Valenton, au même titre que le site de Seine Aval, basé en Seine-Saint-Denis, est également dotée d'une usine d'assainissement de l'eau, entrée en fonctionnement complet mi-juillet.
Olivier Browne est le directeur de ce site qui -estime l'intéressé- contribue déjà grandement à l'amélioration de la qualité de l'eau grâce à son traitement à l'acide performique avant tout rejet dans la Seine.
"Sur cette usine d'épuration, les traitements ont déjà permis de diviser par 1000 les quantités de micro-organismes, donc de bactéries fécales, entre l'entrée et la sortie de l'usine", vante-t-il.
Ces produits, "utilisés sur les stations balnéaires", ont été testés au préalable, promet François-Marie Didier, le directeur du SIAAP.
Sur d'autres sites, comme celui de Marne Aval, le traitement est réalisé par filtration aux ultraviolets, un procédé plus répandu.

"Résorber les mauvais branchements"
Pour contribuer à l'embellissement des eaux fluviales, résorber les mauvais branchements dans les habitations pour réduire la contamination des eaux de pluie par les eaux usées fait aussi partie des priorités.
Si cette mission n'incombe pas au SIAAP, François-Marie Didier affirme qu'il a été "estimé sur ce bassin de baignabilité, sur 350.000 logements, qu'environ 10% étaient raccordés au mauvais réseau, pas au réseau d'assainissement qui va dans nos usines mais directement dans la rivière". C'est pourquoi des rectifications sont jugées nécessaires.
Enfin, pour éviter tout rejet d'eaux usées dans les fleuves, une loi oblige depuis 2018 le raccordement des bateaux aux réseaux d'eaux usées du port de rattachement.
Un entraînement de natation dans le fleuve annulé
À en croire Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris en charge du Sport, des Jeux olympiques et paralympiques et de la Seine, les aménagements d'ores et déjà réalisés portent leurs fruits.
"Les premiers résultats de la qualité de l’eau de la Seine de la saison estivale 2023 sont arrivés. Ils révèlent une qualité excellente", s'est récemment enthousiasmé l'élu sur ses réseaux sociaux.
Les fortes pluies récemment tombées sur l'Île-de-France rendent caduque cette affirmation. La qualité de l'eau de la Seine a même chuté sous les normes acceptables, si bien qu'un entraînement de natation initialement prévu ce vendredi matin a été annulé au grand dam des organisateurs des JO, qui souhaitaient en faire un "test event".