Chantiers du Grand Paris Express: cinq morts en trois ans, la CGT 93 tire la sonnette d'alarme

Le bilan des victimes du chantier du Grand Paris Express s'est alourdi ce jeudi. Un ouvrier de 22 ans est mort sur le chantier de construction de la ligne 17 du métro, dans le Val-d'Oise. Il a été "mortellement atteint par la chute d'une dalle de béton", a indiqué la Société du Grand Paris dans un communiqué.
Depuis trois ans, c'est le cinquième accident mortel déploré sur le chantier du Grand Paris Express.
Le premier s'était produit en mars 2020, à Villejuif (Val-de-Marne) sur les travaux de prolongement de la ligne 14. Maxime, 37 ans, intérimaire pour une filiale de Vinci, avait été frappé à la tête alors qu'il effectuait une opération de "déplombage" -intervention qui consiste à déboucher une conduite. Ce mercredi, le parquet a requis 250.000 euros contre l’entreprise qui l'employait.
Trois morts sur le chantier de la ligne 16
Trois autres décès ont aussi eu lieu sur le chantier de la ligne 16, en Seine-Saint-Denis. En décembre 2020 à la Courneuve, Abdoulaye, 41 ans, a péri en chutant dans un malaxeur à béton. Il travaillait pour le groupe Eiffage.
Deux ans plus tard, en janvier 2022, Joao Baptista, 61 ans, est mort après une chute accidentelle de matériel sur le chantier de la future gare majeure de Saint-Denis-Pleyel.
Enfin, début mars, au Blanc-Mesnil, Franck, 58 ans, est mort à l’hôpital des suites de ses blessures. Il a été écrasé sous une charge de palettes en plein déchargement, il travaillait pour une société mandatée par Eiffage.
Les syndicats inquiets
Face à cette accumulation d'accidents mortels - auxquels s'ajoutent 18 accidents graves en trois ans- la CGT 93 "tire l'alarme sur les cadences imposées pour respecter les ouvrages du Grand Paris." "Cette pression ne peut qu'être qu'accidentogène", estime le syndicat dans un communiqué.
"A partir du moment où il y a des chantiers sous contrainte de temps et plusieurs corps de métier, on a un amoncellement d'accidents mortels", affirme Jean-Pascal François, administrateur de CGT Construction. "Il serait grandement temps que le maître d'œuvre, la SGP, prenne ses responsabilités et soit plus contraignante pour les conditions de travail et la sécurité".
"La sécurité est notre priorité absolue. Ce nouveau drame nous conduit à constater que cette priorité n'est pas suffisamment intégrée par l'ensemble des intervenants sur nos chantiers", a réagi Jean-François Monteils, président du directoire de la SGP, cité dans le communiqué.
Des accidents en hausse sur les lignes 17 et 18
Selon un document interne, consulté par BFM Paris Île-de-France, sur la "sécurité et sûreté des chantiers du Grand Paris Express" de la "Société du Grand Paris", les chantiers des lignes 17 et 18 connaissent une hausse des accidents.
Sur la ligne 17, le taux de fréquence, c'est-à-dire, le nombre d'accidents avec arrêt par million d'heures travaillées sur une année glissante, a augmenté. Il est passé de 11,1 en février 2022 à 19,60 en novembre de la même année. Fin d'année dernière, 24 accidents ont été comptabilisés dont 14 avec arrêt de travail.
Même chose sur la ligne 18, où le taux de fréquence est passé de 15,4 à 21,63 sur la même période. En novembre dernier, 58 accidents ont été comptabilisés dont 47 avec arrêt de travail.
Néanmoins, le document montre également une baisse visible des accidents de travail sur la ligne 15 Sud et une stabilité sur la ligne 16, ces derniers mois. En revanche, 180 accidents ont été comptabilisés sur la ligne 15 Sud, selon des données datant de novembre 2022, ce qui en fait la ligne en construction la plus accidentogène.