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Paris Île-de-France

Ce que l'on sait de la mise en retrait du maire de Boulogne-Billancourt après un conseil municipal "houleux"

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Pierre-Christophe Baguet, maire de Boulogne-Billancourt, s'est mis en retrait après "s'être emporté" lors d'un conseil municipal, ce jeudi 13 mars. Le réaménagement d’une voie dans la ville, plus de trois ans après la mort d'un jeune, a été au coeur des débats qui ont opposé l'édile à une élue d'opposition.

Pierre-Christophe Baguet, maire de Boulogne-Billancourt, s'est temporairement mis en retrait de ses fonctions après un conseil municipal qu'il a qualifié de "désordre général", ce jeudi 13 mars.

"Le Maire regrette profondément cette triste situation. Afin de réfléchir, il décide de se mettre temporairement en retrait de ses fonctions", a écrit la municipalité, sur X, ce jeudi.

• Le témoignage du père d'une victime à l'origine des tensions

Le conseil municipal de Boulogne-Billancourt s'est tendu au moment de la présentation par l'élue écologiste d'opposition Pauline Rapilly Ferniot d'un voeu portant sur le réaménagement d'une station velib' de la ville, où un adolescent est mort percuté par un camion de nettoyage d'une société prestataire de la ville, en septembre 2021.

L'élue écologiste a demandé à ce que le père de l'adolescent puisse prendre la parole sur ce projet de réaménagement, qu'il porte depuis la mort de son fils. Une requête que le maire a refusée en vertu des règles établies en matière de prise de parole dans le cadre de ce rendez-vous politique.

• L'élue écologiste déplore une incompréhension

Le ton est alors monté et le père de l'adolescent a été évacué de la salle du conseil municipal "manu militari", selon ses propres mots. "Face à cette dernière mise en cause humainement inacceptable et sous l’œil de caméras de télévision opportunément convoquées par l’opposition, le Maire s’est emporté", a réagi la municipalité.

"Peut-être que le maire a mal compris, mais nous, on ne dit pas que la ville est responsable de l’accident, on dit juste que la ville a une responsabilité de ne pas changer l’aménagement de la place pour la rendre plus sécurisée", a expliqué Pauline Rapilly Ferniot, interrogée par l’AFP.

• Des journalistes pris à partie, une plainte déposée

Deux journalistes, qui étaient présents lors du conseil municipal pour filmer une séquence sur le père de l'adolescent pour France 2, ont affirmé avoir été agressés "par des agents de la sécurité" de la mairie. "J’ai été mis au sol violemment", a témoigné Nicolas Vescovacci, estimant qu’on avait tenté d’effacer ses images. Le journaliste a déposé une plainte, consultée par l’AFP, pour menace physique.

Une vidéo, que BFM Paris Ile-de-France a pu visionner montre une collaboratrice du maire, puis le maire lui-même, s'en prendre directement à l'un des journalistes qui tente de filmer la scène avec son téléphone portable.

Selon les informations de BFM Paris-Île-de-France, la direction de France Télévisions a dénoncé dans un mail, "l'atteinte à l'intégrité physique de [leurs] collaborateurs" et a fait savoir que des poursuites seraient engagées.

• Le maire cible l'opposition

Dans un communiqué publié sur X par la Ville, le maire pointe du doigt la responsabilité de l'opposition dans cette situation, qu'il accuse de vouloir le mettre en cause dans le décès de l'adolescent mort en 2021. Une mise en cause que le maire estime comme "humainement inacceptable".

Le père de l'adolescent a lui déclaré à BFM Paris-Île-de-France qu'il ne mettait pas en cause la responsabilité de la mairie dans la mort de son fils, mais souhaitait que des travaux de sécurisation soient effectués sur la station velib' où il a trouvé la mort.

• Plusieurs réactions politiques

Sur les réseaux sociaux, des élus de la majorité municipale et d'opposition n'ont pas manqué de s'invectiver, après le conseil municipal, théâtre de violences.

L'élu d’opposition du mouvement politique Horizons Antoine de Jerphanion a condamné "fermement les violences physiques et verbales contre des journalistes de France 2 ce soir lors du conseil municipal".

En réponse, l'élu de la majorité municipale, Yann-Maël Lahrer, s'est, lui, fendu d'une série de tweets, accusant l'élu Horizons d'être une "girouette" et d'avoir "instrumentalisé" la douleur du père de l'adolescent à des fins politiques lors des précédentes élections législatives partielles de janvier. Des accusations réfutées par ce dernier dans un communiqué publié lui aussi sur X.

Pour ce qui est du groupe des écologistes de Boulogne-Billancourt, auquel appartient Pauline Rapilly Ferniot, celui-ci a réagi à l'événement sur X, appelant à ce que le conseil municipal reste "un espace de dialogue entre une pluralité d'opinions politiques"

• Valérie Pécresse dénonce "un harcèlement immonde"

Mais l'affaire n'est pas restée cantonnée à la ville de Boulogne-Billancourt. La présidente de la région Île-de-France, Valérie Pécresse a réagi en apportant son soutien à Pierre-Christophe Baguet, qu'elle estime "victime d'un harcèlement immonde de la part d'une opposition sans vergogne.

"J'appelle à une démocratie respectueuse, où la confrontation des opinions ne tourne pas à la curée ou à la guérilla !", a conclu Valérie Pécresse.

Pauline Lecouvé