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"Ce climat, il a déjà changé": un élu parisien alerte sur le retard des villes à se transformer face aux fortes chaleurs

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Conseiller municipal écologiste, Alexandre Florentin estime que ces phénomènes météorologique vont gagner en longueur et en intensité dans les années à venir, c'est pourquoi il est nécessaire d'opérer des transformations urbanistiques.

Lentement mais sûrement, le mercure grimpe à Paris en cette fin de semaine. 31 °C ce jeudi, 35 °C vendredi et jusqu'à 38°C samedi: ces températures illustrent l'arrivée d'une vague de chaleur particulièrement précoce, dont le ressenti dans la capitale est décuplé par la densité et la pollution.

De l'aveu d'Alexandre Florentin, conseiller de Paris et membre de Génération écologie, il va falloir "s'y habituer" et se préparer "à des canicules beaucoup plus longues, beaucoup plus intenses en température". "2003 a vocation à devenir un été normal", pose l'élu, invité de BFM Paris Île-de-France ce jeudi matin, en référence à la canicule qui a déferlé sur la France cette année-là.

Ce constat justifie selon Alexandre Florentin "un coup d'accélérateur absolument incroyable" en matière d'adaptation de la ville aux nouveaux paramètres météorologiques. Et si l'élu regrette certaines décisions de la mairie de Paris -"dès que vous coupez des arbres pour de l'urbanisme, il y a un petit problème"-, il salue la création d'îlots de fraîcheur, la végétalisation de certains espaces publics, l'implantation de fontaines ou encore l'expérimentation de revêtements anti-chaleur dans les rues Lecourbe et Courcelles.

"Accepter que le style haussmanien change"

L'élu estime néanmoins que les mesures citées sont loin d'être suffisantes pour enrayer l'impression d'étouffement qu'engendrent les vagues de chaleur en milieu urbain, qui plus est au moins de juin, alors que les enfants sont encore à l'école, que les rames de métro sont encore bondées et que les plans de crise municipaux ne sont pas encore enclenchés. Autant d'éléments que l'écologiste condense dans un thread publié sur Twitter dimanche.

S'agissant des revêtements, "on ne devrait même plus être au stade de l'expérimentation, reprend Alexandre Florentin. À chaque fois que vous avez des travaux sur la route, à chaque fois qu'Enedis creuse un trou pour transformer ses câbles pour les préparer aux vagues de chaleur, ils ne devraient pas remettre du bitume noir".

Plus largement, "il faudrait pouvoir changer la couleur des toits, faire pousser des choses sur les surfaces, énumère l'élu écologiste. Mais accepter que le style principalement haussmannien qu'on a à Paris change. L'aspect de la ville correspond aussi à un certain climat. Et ce climat, il a déjà changé".

Des équipements urbains souffrent de la chaleur

Alexandre Florentin en veut pour preuve la désormais inadaptation d'équipements municipaux aux chaleurs d'aujourd'hui. À commencer par le pont tournant de la rue Dieu, dans le 10e arrondissement de Paris, dont l'armature en acier souffre tellement de la météo qu'un éclusier doit l'arroser quotidiennement depuis dimanche pour refroidir la surface et éviter qu'elle ne se dilate. "Dans le cas contraire, il se bloque et peut empêcher le passage des bateaux", explicite l'écologiste sur Twitter, photo à l'appui.

Fort logiquement, la transformation de Paris appelée de ses vœux par Alexandre Florentin requiert un investissement massif des collectivités. L'État a annoncé il y a peu débloquer 500 millions d'euros pour multiplier les îlots de fraîcheur, dont 15 devraient revenir à Paris. Ce montant sera-t-il suffisant pour inverser la donne?

"Absolument pas. L'ordre de grandeur pour faire quelques forêts urbaines, c'est déjà 50 millions. On n'est pas du tout à la bonne échelle. C'est ça le cri d'alerte", tonne Alexandre Florentin.

"Il faut que notre planification change"

"Il faut que notre planification change", poursuit celui qui a été élu pour la première fois lors des dernières élections municipales. La Ville a en ce sens enclenché plusieurs projets: un "plan local d'urbanisme qui se veut bioclimatique, une révision du plan climat, un exercice de gestion de crise l'année prochaine sur la question des canicules et un travail proposé par le groupe écologiste sur Paris face aux méga vagues de chaleur".

Il faudra cependant aller plus loin dans ces démarches aux yeux de l'écologiste. "Ce n'est pas de l'alarmisme de regarder la réalité en face, c'est du réalisme", justifie-t-il. Et Alexandre Florentin de rappeler que "tout cela était relativement anticipable".

Florian Bouhot Journaliste BFM Régions