"Ça ne se fera pas sans moi": Laurent Nunez tempère le projet de la mairie de Paris de pérenniser la voie réservée sur le périphérique

Vers une voie réservée sur le périphérique parisien? Le sujet a été abordé ce mercredi 22 mai lors de la séance du conseil de Paris. La municipalité souhaite en effet pérenniser la voie olympique créée pour les JO entre les portes de Bercy et de Sèvres, et la compléter afin qu'elle entoure entièrement la ville. Cette voie sera alors dédiée au covoiturage, comme cela peut-être le cas ailleurs, notamment sur l'A7 dans la métropole lyonnaise.
Mais le préfet de police, Laurent Nuñez, n'a pas manqué de calmer les ardeurs de la municipalité parisienne, rappelant que la mise en place de la voie réservée ne restait pour l'instant qu'une expérimentation.
"On verra comment les choses fonctionnent pendant les Jeux olympiques et paralympiques", a assuré le préfet de police après avoir été interpellé par Éric Lejoindre, le maire du 18e arrondissement et par David Belliard, l'adjoint en charge des mobilités, lors des questions d'actualité du conseil municipal parisien.
Le préfet de police a également indiqué qu'il avait en effet été "saisi d'un arrêté d'une cosignature avec madame la maire de Paris pour proroger cette voie au-delà des Jeux olympiques".
"Nous le ferons", assure la mairie
Pour la municipalité, l'avis est bien plus tranché: elle a bien l'intention de pérenniser la voie olympique. "Sauf votre respect, monsieur le préfet de police, avec ou sans vous nous le ferons car nous en avons le pouvoir", a expliqué dans son intervention David Belliard, rappelant également que dans le dossier de candidature pour les Jeux, l'Etat s'était engagé à pérenniser cette voie de covoiturage.
La réponse du préfet de police ne s'est pas fait attendre. "Ça ne se fera pas sans moi, parce que le périphérique fait partie des voies sur lesquelles je peux imposer un certain nombre de prescriptions, parce que ce sont des axes structurants notamment pour le bon fonctionnement des véhicules de secours", a-t-il expliqué, avant de préciser que l'instruction est en cours par les services de la préfecture de police.
Anne Hidalgo est elle aussi intervenue dans le débat, répondant au préfet de police: "On ne pourra pas faire sans moi non plus."
"Quand on parle de voies réservées, il s'agit de permettre de faire du covoiturage en passant de plusieurs voitures là où il y a des personnes seules à une voiture dans laquelle il y a plusieurs personnes", note-t-elle.
"Toutes les grandes métropoles du monde, je pense à Los Angeles, l'ont adopté depuis au moins 30 ou 40 ans. Pour réduire le trafic automobile en permettant la baisse de la pollution", poursuit-elle. "Il faudrait encore prendre le temps de réfléchir? Je crois que le sujet est assez clair", tranche la maire qui rappelle une mission d'information en 2018 "qui avait conclu aux mêmes solutions: baisse de la vitesse et voie de covoiturage".
L'abaissement de la vitesse fait aussi débat
Concernant la baisse de la vitesse, le ministre des Transports Patrice Vergriete se disait la semaine dernière "pas favorable" à l'abaissement de la vitesse de 70 à 50 km/h.
"La vitesse est fixée par un décret en conseil d'État", a rappelé Laurent Nuñez. "Nous en avons discuté avec la maire de Paris, avec les services. La maire peut réduire la vitesse maximum autorisée sur le périphérique. De ce point de vue, il semblerait que ce soit une compétence de la ville", note-il. "Il y a eu quelques jurisprudences qui ont quand même considéré que le préfet pourrait mettre des prescriptions. Je ne suis pas saisi sur la vitesse", assure-t-il.
Le préfet de police a également rappelé l'importance "structurante" du périphérique dans "le schéma autoroutier de la région Île-de-France". "On aurait tout intérêt à ne pas se précipiter pour prendre le temps de la réflexion après les Jeux olympiques et paralympiques", souhaite Laurent Nuñez.
La maire de Paris affirme quant à elle que "la concertation, elle a eu lieu. (...) 20 millions d'euros ont été mis par les ministères sur la création de cette voie réservée. On va avancer sur ces arguments-là", assure-t-elle.
"Si on veut nous empêcher de la faire, alors ce sera le seul 'éléphant blanc' de tous les jeux. L'intérêt général nous préconise de travailler pour la santé de nos concitoyens", poursuit Anne Hidalgo. "À la fin, il se passera exactement ce qu'il s'est passé pour la fermeture de la voie George-Pompidou aux voitures et son ouverture aux piétons. Nous nous inscrivons dans le sens de l'histoire, et peut-être du bon côté de l'histoire", conclut la maire de Paris.